Le Trésor américain mise à nouveau sur la dette à long terme pour se financer

DetteL'appétit pour la dette américaine est toujours intact. Malgré les résultats moins flatteurs des émissions à 3 ans et à 30 ans réalisés mardi et jeudi, au cours desquelles la demande s'est avérée moins généreuse que d'ordinaire, les 78 milliards de dollars d'obligations d'État à moyen et long terme placés cette semaine par le Trésor ont rencontré la faveur du marché.Cet engouement a été confirmé par le succès des émissions de dette à court terme, c'est-à-dire de maturité inférieure à un an, qui ont totalisé 94 milliards de dollars sur la semaine. Jeudi, l'opération spéciale de financement à 11 jours de 10 milliards de dollars a été sursouscrite plus de 6 fois, pour un rendement de 0,04 %. « Il s'agit de papiers très appréciés des investisseurs, car ils sont très sûrs et très liquides, ce qui compense leur rendement très faible », explique René Defossez, économiste chez Natixis. Ces maturités courtes ont également été une précieuse source de financement pour les États-Unis depuis un an.Le Trésor a réintroduit les « bills » à 52 semaines en juin 2008, et les volumes de dette court terme ont bondi à la suite de la faillite de Lehman Brothers. Entre le 18 et le 22 septembre 2008, cinq lignes de 30 à 40 milliards de dettes à très court terme avaient été émises pour financer l'aide au secteur financier. « Au début de la crise, les États-Unis ont eu besoin de se financer de la manière la plus rapide possible pour mettre en ?uvre les plans de soutien à l'économie. Et ce sont les dettes à court terme qui le permettent. Au fur à mesure que la situation se normalise, on peut en revanche basculer vers le moyen-long terme », explique Philippe-Henri Burlisson, directeur de la gestion de taux de Groupama AM.coller à la demandeLe stock de dette court terme, en hausse de 89 % sur un an au 30 juin 2009, ne gonflait plus que de 33 % au 30 septembre. Cette évolution s'explique par un effet de base, mais aussi par un changement de stratégie du Trésor pour coller à la demande. « Beaucoup d'investisseurs sont à la recherche de duration pour gagner du rendement », note René Defossez.Les émissions à moyen et long terme, c'est-à-dire de 2 ans à 30 ans, devraient ainsi bondir à 599 milliards au dernier trimestre 2009, contre seulement 349 milliards de dollars au quatrième trimestre 2008 et 489 milliards au premier trimestre 2009. « On peut interpréter ce mouvement de retour vers les échéances plus longues comme une volonté de sécuriser la dette », juge Philippe-Henri Burlisson. L'État américain profite aussi du bas niveau des taux. Après avoir grimpé jusqu'à 3,94 % en juin dernier, le taux à 10 ans américain évoluait hier à 3,33 %. À ce niveau, le marché n'intègre pas de prime à l'inflation, un danger qui inquiète pourtant au sein même de la Fed. Julien Beauvieux
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