L'euro, enjeu clé du sommet

« L'Allemagne a une responsabilité particulière vis-à-vis de l'euro. » C'est le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, qui s'exprimait en ces termes tout récemment. Jusque-là réticente à repêcher un pays qui, tel que la Grèce, a trafiqué ses statistiques et laissé aller ses finances publiques à vau-l'eau, la République des Länder est aujourd'hui acculée à intervenir. Car il y va de la pérennité de la zone euro et de sa monnaie unique. Sauf à mettre en péril tout l'édifice, qu'il a fallu plus de cinquante ans pour construire, l'Europe est dans l'obligation d'empêcher que le drame grec ne finisse en tragédie.Car c'est bien la solidité de la zone euro que testent les marchés, qui viennent de faire subir à la monnaie unique la première vraie crise de ses onze ans d'histoire. En deux mois, l'euro a cédé plus de 11 % de sa valeur face au dollar, avec une singulière accélération la semaine dernière. Et les spéculateurs restent l'arme au pied puisqu'ils ont liquidé le record absolu de 43.741 contrats en euros sur les marchés à terme, soit 5,8 milliards d'euros (près de 8 milliards de dollars), selon le dernier rapport du Chicago Mercantile Exchange. C'est certes une goutte d'eau rapporté aux volumes de transactions quotidiens sur le marché des changes, qui avoisineraient les 4.000 milliards de dollars. Mais cela en dit long sur l'état d'esprit des acteurs du marché.Restituer le rôle de bouclier de l'euroC'est bien l'euro qui sera au coeur des débats du sommet de l'Union européenne. Car il va falloir lui restituer le rôle de bouclier anticrise en acier trempé qu'il a joué tout au long de sa jeune histoire, permettant aux pays membres de faire face aux crises économiques et financières qui ont jalonné la décennie écoulée, si l'on excepte ces dernières semaines pathétiques. De formidable atout, l'euro se transforme en carcan dès lors que les maillons faibles ne respectent plus le pacte fondateur. La défiance qui lamine la Grèce aurait autrefois entraîné une dévaluation de la drachme, désormais fondue dans l'euro. À la place, elle est victime d'un tarissement des flux de capitaux étrangers et d'une hausse vertigineuse des coûts de financement de sa dette.Ce qu'exigent aujourd'hui les marchés qui ont les moyens d'imposer leur loi, c'est qu'aux côtés de l'euro et de la Banque centrale européenne, seul organe supranational pour superviser une zone de plus en plus hétéroclite, la zone euro se dote d'outils d'harmonisation économique. La marche vers un gouvernement économique devient un impératif. Isabelle Croizard
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