La Banque d'Angleterre recule pour mieux sauter

Si la Banque d'Angleterre a passé son tour ce jeudi, laissant inchangé à 0,5 % son taux directeur, qui stationne sur ce plancher historique depuis mars 2009, une inflexion de la politique monétaire de la vieille Dame de Threadneedle Street ne serait qu'une question de mois. Le consensus des économistes pointe le rendez-vous du conseil de politique monétaire de mai comme la date la plus probable pour un premier tour de vis.Mais pour l'heure, la banque centrale de Londres est coincée entre l'enclume et le marteau. L'enclume d'une inflation tenace qui dépasse obstinément l'objectif de 2 % fixé par le gouvernement et qu'elle est en charge de faire respecter. Le dernier indice des prix est ressorti en hausse de 1 % sur le mois de décembre et de 3,7 % en glissement annuel et les prévisions font état d'un bond à 4,5 % en janvier. Le très influent NIESR (National Institute of Economic and Social Research) prédit trois hausses des taux cette année destinées à empêcher que l'inflation ne s'incruste durablement dans l'économie.Le marteau ensuite : c'est celui d'une croissance alanguie - le PIB s'est même contracté de 0,5 % au dernier trimestre de 2010 - que les mesures d'austérité drastiques du gouvernement Cameron ne vont pas manquer d'affecter durablement. « Il faut avoir pitié de ce pauvre Mervyn King », le gouverneur de l'institut d'émission de Londres, titrait au début du mois le « Wall Street Journal ». Néanmoins, les derniers chiffres, portant sur l'année qui s'est ouverte ont quelque peu atténué l'impact désastreux laissé par le PIB des trois derniers mois de l'an dernier. En particulier l'indice PMI des directeurs d'achats du secteur manufacturier, qui représente 13 % de l'activité, a atteint un niveau record en janvier, à 62.Appel au durcissementC'est dans ce contexte que deux anciens « Sages » de la Banque d'Angleterre, DeAnne Julius et Tim Besley, ont fait savoir tout récemment que s'ils siégeaient encore au conseil, ils auraient voté en faveur d'une hausse des taux dès ce mois-ci. Au sein de l'actuel conseil, des voix de plus en plus insistantes appellent à un durcissement monétaire. Le faucon Andrew Sentance, qui plaide en ce sens depuis juin, y voit une question de crédibilité et il fait des émules. Les minutes de la réunion de jeudi publiées dans quinze jours révéleront le nouvel état d'esprit du conseil des « Sages » et seront décisives pour l'avenir de la livre sterling, la grande monnaie la plus performante depuis le début 2011.
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