La Banque d'Angleterre dans une logique de hausse des taux

La Grande Bretagne se hâte lentement. Même si à l'issue de son conseil la Banque d'Angleterre a laissé inchangé son taux directeur, qui campe sur le record de faiblesse de 0,5 % depuis mars 2009, un resserrement des conditions de crédit au Royaume-Uni n'a jamais été aussi proche. À l'issue de la précédente réunion de l'institut d'émission de Londres, Mervyn King, le gouverneur, a dû se plier à l'obligation de justifier par courrier le maintien du statu quo monétaire auprès du chancelier de l'Echiquier en dépit d'un taux d'inflation désormais deux fois supérieur au plafond de 2 % fixé par le gouvernement et que la Banque d'Angleterre est en charge de faire respecter. C'est la dixième missive de ce type depuis 2007.Depuis février, alors que la banque centrale était déjà écartelée entre le marteau d'une croissance mal assurée - qui a même été négative, de -0,6 %, au quatrième trimestre 2010 - et l'enclume d'une inflation très excessive, deux nouveaux éléments perturbateurs sont venus aggraver le dilemme des « Sages » de la vieille Dame, plus divisés que jamais sur l'opportunité d'une hausse des taux. D'abord, c'est l'ampleur de ces divisions que les minutes de la dernière réunion du comité de politique monétaire ont révélé. Le conseil de neuf membres compte désormais non plus deux, mais trois partisans d'une hausse rapide des taux. Après Andrew Sentance, partisan d'un durcissement monétaire depuis juin, deux autres membres, Martin Weale l'économiste en chef de la banque et Spencer Dale, sont venus gonfler les rangs des faucons, alors que subsiste une absolue colombe, Adam Posen, qui, soucieux de prévenir une rechute de l'activité, réclame une exhumation du programme de rachats d'actifs. Epuisé en janvier 2010, ce programme avait porté sur 200 milliards de livres. La semaine dernière, l'un des cinq partisans du statu quo monétaire, a pris une position nettement plus radicale. Charles Bean a estimé que l'inflation pourrait rester élevée plus longtemps qu'il ne le pensait auparavant. Les prochaines minutes, publiées dans quinze jours, dévoileront s'il a rallié les durs. Le conseil se diviserait alors en trois camps, dont les deux principaux à parts égales. À moins que les dernières statistiques ne renforcent encore le clan des faucons. On a appris jeudi que la production manufacturière avait fait un bond de 1 % en janvier, un nouvel élément qui rend crédible la prévision de croissance de 0,8 % au premier trimestre.optimal Mois de maiL'autre élément susceptible de faire basculer le conseil de la Banque d'Angleterre n'est autre que la pré-annonce par la BCE d'une hausse de son taux directeur dès son conseil du 7 avril. Le creusement du différentiel de taux de part et d'autre de la Manche risque d'avoir un effet fortement négatif sur la livre sterling toujours très volatile. Or, un affaiblissement de la monnaie de sa Majesté aurait un effet pour le moins négatif sur l'inflation, via les importations, sachant que la majeure partie des échanges extérieurs d'Albion s'effectuent avec la zone euro. Le mois de mai apparaît donc optimal pour une première hausse des taux britanniques.
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