Le marché des lecteurs de livres numériques décolle

Ceux qui se prélassent au bord de la plage, le nez dans un roman, le savent bien : certains récits peinent à démarrer puis, d'un seul coup, prennent leur envol. L'histoire des lecteurs de livres numériques - e-readers en anglais -, c'est cela. Celle d'un marché né en 2007, avec le lancement de son lecteur Kindle par le libraire américain en ligne Amazon, mais qui n'avait jamais vraiment rencontré son public. Jusqu'à maintenant. Car pour nombre d'analystes, « LE » cadeau de Noël 2010 ne sera pas la toute jeune et déjà célèbre tablette iPad d'Apple, mais les e-readers. Pourquoi cet engouement soudain pour les lecteurs de livres numériques, alors que l'iPad et autres tablettes tactiles permettent non seulement de lire des livres électroniques, mais également de surfer sur Internet, de regarder des vidéos, d'échanger des e-mails ? La principale raison est la baisse des prix. Lors de son lancement en 2007, le Kindle d'Amazon valait 399 dollars. L'an dernier, son prix s'élevait encore à 259 dollars. Confronté à la concurrence de l'iPad lancé le 3 avril, Amazon l'a ramené le 22 juin à 189 dollars, soit une chute de 27 %. Résultat des courses, les ventes de Kindle ont triplé entre le 22 juin et le 22 juillet, par rapport à la même période de 2009, se réjouit Amazon, sans autre précision. Encouragé par cette performance, le groupe dirigé par Jeff Bezos a lancé deux nouveaux Kindle fin juillet : l'un à 189 dollars toujours, plus petit et léger que la version précédente, fonctionnant à la fois en wi-fi et en 3G, et l'autre, uniquement wi-fi, au prix de... 139 dollars. Dès le 2 août, ces deux nouveaux modèles étaient en rupture de stock. Ses concurrents ont emboîté le pas à Amazon mais demeurent plus chers : le premier prix du Nook du libraire américain Barnes & Noble atteint 149 dollars, et le modèle d'entrée de gamme du Reader Pocket Edition du groupe japonais d'électronique Sony est à 150 dollars. Ces prix n'ont cependant plus rien à voir avec ceux de l'iPad, qui se vend entre 499 et 829 dollars.Poids plume de 246 grammesEn ces temps de vaches maigres, le choix entre un e-reader et un iPad est donc vite fait pour le consommateur. Surtout pour celui qui aime lire. En effet, Jeff Bezos, le patron d'Amazon, ne veut pas se battre sur le terrain du multifonction - celui de l'iPad -, mais sur le terrain de la lecture. Or le Kindle, grâce à l'encre électronique qui donne un aspect imprimé aux pages et grâce à son poids plume de 246 grammes, est l'appareil qui offre la sensation la plus proche de celle de la lecture d'un livre papier. L'iPad, lui, ne pèse pas moins de 900 grammes et son écran rétro-éclairé fatigue assez rapidement la vue. Autre avantage de taille du Kindle pour les dévoreurs de livres : la durée de sa batterie, d'un mois, alors que l'autonomie de l'iPad se limite à dix heures. Enfin, la bibliothèque du Kindle est sans comme mesure avec celle de l'iPad, puisqu'elle contient quelque 600.000 titres, contre « des dizaines de milliers  » pour l'iBookstore d'Apple. Un atout maître lorsque, comme Amazon, on parie sur les fans de lecture. Des fans qui semblent s'accoutumer rapidement au numérique. Amazon estime que, d'ici neuf à douze mois, il vendra davantage de livres électroniques que d'ouvrages papier. L'an dernier, déjà, les ventes de livres numériques (tous distributeurs confondus) avaient triplé aux États-Unis, à 313,2 millions de dollars. Le cabinet Yankee Group n'hésite donc pas à estimer le marché américain des e-readers à 2,5 milliards de dollars en 2013, contre 398 millions en 2009.Le bémol, pour Amazon, réside dans la rentabilité. Difficile de dégager des marges confortables sur un produit aussi sophistiqué qu'un lecteur de livres numériques en le vendant à moins de 150 dollars. L'objectif de marge opérationnelle d'Amazon pour le troisième trimestre 2010, compris entre 3 et 4 %, a d'ailleurs été sanctionné par un plongeon de 10 % du cours de Bourse en séance le 23 juillet, lors de la publication des résultats du deuxième trimestre. Les investisseurs espéraient une marge de 5 %. Il est impossible d'avoir le beurre et l'argent du beurre.
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