Médicaments génériques : les Français les boudent

C\'est l\'une des ambitions de Marisol Touraine, la ministre de la Santé, pour réduire le trou de la Sécu: augmenter la consommation de médicaments génériques. La tâche ne paraît pas si facile. En 2011, pour la première fois de leur histoire, les médicaments génériques ont vu leurs ventes reculer en France alors que le répertoire des médicaments génériques continuait d\'accueillir de nouvelles molécules, selon une étude dévoilée par la Mutualité française.«En France, moins d\'une boîte délivrée sur quatre (22%) est un médicament générique inscrit au répertoire. Or, les ventes de génériques atteignent les deux tiers au Royaume-Uni (66%) ou en Allemagne (64%) et les trois quarts aux Etats-Unis (75%). Et pourtant, nos voisins européens et d\'outre-Atlantique n\'en sont pas moins bien portants!», note l\'étude.Une députée EELV s\'est saisie du dossierQuelques jours avant la présentation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), lors d\'une conférence de presse, la députée européenne Europe Ecologie Les Verts (EELV) Michèle Ravasi plaidait la mise en place d\'une véritable politique de développement des médicaments génériques. Reprenant l\'exemple du Plavix, un antiagrégant plaquettaire commercialisé au tarif de 37,11 euros -contre 18,35 euros en Italie et 16 euros au Royaume-Uni-, elle rappelait que le prix de son générique s\'élevait à 16 euros en Italie et à 2,26 euros au Royaume-Uni...«A eux trois, le Tahor, un médicament contre le cholestérol, l\'Inexium, un médicament anti-ulcéreux et le Plavix qui sont les molécules les plus vendues en France auraient «coûté» 1,2 milliard à l\'assurance-maladie en 2010 alors que leurs génériques peinent à être prescrits», expliquait l\'élue.Dix propositions pour relancer les génériques«La prescription des médicaments génériques est pourtant majeure dans l\'amélioration de l\'accès à des soins innovants, grâce aux économies, à efficacité et sécurité strictement égale, que ces médicaments permettent de générer. Ainsi, en 2011 près d\'un milliard d\'euros d\'économies supplémentaires auraient pu être réalisées grâce aux génériques si le taux de substitution avait atteint 100%», explique la Mutualité qui formule dix propositions pour que la consommation de génériques reparte à la hausse.Parmi ces recommandations, on peut citer la mobilisation des médecins comme acteurs majeurs de la politique des génériques; donner une meilleure visibilité sur les dates d\'expiration des brevets, ainsi que leur nature, afin de limiter le nombre de recours; élargir le champ du répertoire des génériques aux médicaments sans spécialité de référence et aux formes pharmaceutiques destinées à une administration par voie respiratoire; créer un répertoire des équivalents thérapeutiques et un observatoire du marché des médicaments génériques, au sein de l\'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), pour mieux identifier les transferts de prescriptions et déceler les stratégies de contournement.Une politique de prix plus transparenteLa Mutualité suggère également de développer une politique de prix plus transparente et dynamique compatible avec le développement de l\'offre générique, de s\'opposer fermement à toute déconnexion du prix réel et du prix facial des médicaments, quel que soit leur statut brevetaire, de mettre en place une campagne d\'information multipartenariale pour restaurer la confiance du grand public dans les génériques. «Comme aux Pays-Bas, il faut que l\'Etat fasse des appels d\'offre pour que les laboratoires de génériques se fassent réellement concurrence sur les prix. Actuellement, ceux-ci sont fixés par la loi, c\'est aberrant», suggérait Michèle Ravasi en septembre.Pour favoriser le développement des médicaments biosimilaires -copie d\'un médicament biologique, une substance qui est produite à partir d\'une cellule ou d\'un organisme vivant ou dérivée de ceux-ci, de référence et qui a déjà été autorisé en Europe-, la Mutualité française suggère de la création d\'un répertoire des médicaments biosimilaires notamment pour faciliter leur prescription et la mise en place d\'une politique de prix compatible avec le développement de cette offre. Pour mémoire, le principe de biosimilarité s\'applique à tout médicament biologique dont le brevet est tombé dans le domaine public. 
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