Scandale Findus : comment faire revenir la confiance ?

En pleine tourmente, la filière viande se retrouve face à un vieux démon de l’agro-alimentaire : la sécurité. De crise de la “Vache Folle“ à la fin des années 1990, à celle de la bactérie E.Coli en 2011, la fameuse “traçabilité“ des aliments est devenue un leitmotiv pour les industriels et les consommateurs. Le dernier scandale en date –qui rappelons-le n’a posé pour le moment aucun problème sanitaire – repose la question de la confiance dans les aliments.Améliorer l’étiquetage Les associations de consommateurs qui étaient convoqués à Bercy ce lundi pour parler de cette crise s’en sont fait l’écho. Aujourd\'hui, pour être sûr de l’origine de la viande dans ses plats, “mieux vaut faire la cuisine soi-même“, pointe Charles Pernin, chargé de l’alimentation à l’Association nationale de défense des consommateurs et d’usagers CLCV. De fait, aucune législation n’impose la mention de l’origine de la viande dans les plats transformés vendus dans la grande distribution. Pour ces préparations, il existe seulement quelques labels qui ont pour principale effet de faire grimper les prix de vente.Pour plus de transparence, une association qui regroupe syndicats agricoles et professionnels de la viande et du bétail (Interbev) réclame la mise en place d’une obligation d’indiquer le pays d’origine de la viande dans ces préparations. Interbev en a fait état dans un communiqué diffusé ce lundi.Harmonisation européenneAutre point soulevé par les associations de défense des consommateurs : l’harmonisation de la surveillance. Autrement dit, même si en Europe les normes sont partout les mêmes, leur respect serait loin d’être identique partout. A cet égard, la CLCV réclame un “audit global“, car selon lui, les audits effectués régulièrement par l’OAV, l’Office alimentaire et vétérinaire, dont le siège se trouve en Irlande, seraient insuffisants. Le ministre français de l\'Agriculture, Stéphane Le Foll, a d\'ailleurs indiqué ce lundi qu\'une réunion de crise aurait lieu à Bruxelles avant la fin de la semaine.Des circuits de production complexesMais c’est la structure même de l’organisation de la filière viande que l’association remet en cause. “Un seul acteur fournit des dizaines d’acteurs majeurs de l’industrie qui fournissent ensuite les supermarchés“, explique Charles Pernin, “autrement dit, si un point défaille, cela peut affecter des millions de gens. C’est toute cette organisation qui a besoin d’un diagnostic“.  L’affaire “Findus“, a, à cet égard, mis en lumière une chaîne de production pour le moins complexe. La Direction générale de la répression des fraudes a détaillé le circuit : certains des produits vendus comme 100% bœuf contenaient donc de la viande de cheval. Cette matière première provenait d’une usine luxembourgeoise détenue par l’entreprise française Comigel. Et cette même matière première était avant cela passée entre les mains d’un trader chypriote qui avait sous-traité à un intermédiaire situé au Pays-Bas la commande d’une viande abattue et découpée en Roumanie. Un autre fournisseur, cité dans cette affaire, le français Spanghero, qui assure avoir respecté les normes de sécurité, a annoncé ce jeudi avoir porté plainte contre X pour \"tromperie\". L’enquête de la DGCRFF, dont les premiers résultats sont attendus mercredi ou jeudi par les professionnels, doit encore déterminer à quel moment l’erreur – ou la fraude – a été commise.Augmenter les sanctionsFace à une telle complexité, l’autocontrôle pratiqué par les professionnels du secteur est-il suffisant ? Ce n’est pas ce que pensent les associations qui souhaitent de meilleurs contrôles et surtout des sanctions plus fortes. Pour l’instant, le Code de la consommation prévoit deux ans 37.500 euros d’amende, une “pécadille pour en géant comme Findus“ estime Charles Pernin. Pour ce dernier, un pourcentage sur le chiffre d’affaires du produit incriminé serait “plus efficace“.Et pourquoi pas  \"l\'Open Data\" de la viande...Enfin, dernière solution : mettre à profit les milliers de données recueillies par les entreprises pour les partager et ainsi réduire les risques. Dan Vogel, qui dirige Enablon, une entreprise qui fournit des logiciels de gestion des risques en entreprise, explique ainsi que dans d’autres secteurs surtout “l’électronique et le vêtement“, des groupes partagent parfois certaines données stratégiques concernant leurs sous-traitants et les fournisseurs de ces derniers afin de mieux maîtriser les chaînes de production. Un type de plate-forme en ligne qui a pu, par exemple, “se révéler utile lors des inondations en Thaïlande [en 2011] qui ont conduit à une pénurie de disques durs“. Et d’ajouter : “dans certains cas, les entreprises acceptent de partager entre elles des informations parce qu’elles y voient un intérêt commercial“. L’entrepreneur évoque également l’utilisation de telles plates-formes par des équipementiers sportifs pour vérifier la provenance de leurs produits et les conditions sociales et humaines de leur fabrication. Un système qui pourrait être transposé à la filière viande. Mais qui ne serait bien sûr véritablement efficace que si les données sont rendues publiques.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.