Vers une meilleure protection des banques de détail en Grande-Bretagne

Les banques britanniques ne seront pas scindées en deux. La commission bancaire, chargée par le gouvernement britannique de réfléchir à la façon d'éviter une nouvelle crise financière, a décidé de ne pas prôner une séparation complète entre banque d'investissement et de détail. L'annonce a été accueillie avec soulagement par les banques britanniques. Leurs titres ont progressé en Bourse.Pour autant, le pré-rapport de la commission bancaire, présenté ce lundi, n'est pas anodin. « Nous proposons des réformes profondes, aux larges conséquences », estime John Vickers, son président, et un ancien de la banque d'Angleterre.La première réforme préconisée est d'obliger les groupes à filialiser et à capitaliser séparément la partie banque de détail. Cette dernière pourrait ainsi fonctionner même si la partie banque d'investissement faisait faillite. La deuxième réforme préconisée est une augmentation des fonds propres des banques, avec un ratio « core tier 1 » minimum de 10 %. C'est davantage que les normes Bâle 3 en cours d'élaboration, qui prévoient un ratio minimum de 7 %. Et ce niveau s'appliquerait non seulement à l'ensemble de la banque, mais aussi à la partie banque de détail afin d'ajouter un « coussin » de sécurité supplémentaire pour éponger d'éventuelles pertes.Ces deux réformes n'empêcheraient pas une nouvelle crise bancaire de survenir. Elles doivent néanmoins permettre d'éviter qu'une faillite comme celle de Lehman Brothers ne force les contribuables britanniques à sauver leurs banques. « L'objectif est de permettre aux banques de faire faillite tout en sauvegardant la partie qui est vraiment importante », explique Martin Wolf, membre de la commission. John Vickers ajoute que l'existence de telles règles auraient eu pour effet de limiter la prise de risques des banques. Il prend l'exemple de Royal Bank of Scotland (RBS), en faillite après avoir racheté la banque néerlandaise ABN Amro au prix fort juste avant la crise. « Je ne crois pas que RBS aurait pu acheter ABN Amro avec le niveau de fonds propres que nous voulons imposer », estime-t-il.CompétitivitéCes propositions ne sont qu'intérimaires avant un rapport final en septembre. Ce sera ensuite au gouvernement britannique de choisir ce qu'il en retient. Mais déjà, l'exercice de lobbying des banques a repris, avec un argument principal : ces réformes unilatérales endommageraient la City. « Agir seul (...) pourrait sévèrement compromettre notre compétitivité internationale », avertit Stuart Fraser, directeur des politiques de la City. HSBC et Barclays ont déjà menacé à plusieurs reprises de délocaliser leur siège hors du Royaume-Uni.
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