C'est un chiffre qui confirme les supputations les plus pessimistes : la moitié des cadres ont vu leur pouvoir d'achat se réduire en 2007. C'est le chiffre choc tiré de l'étude salaire, réalisée chaque année par la CFDT Cadres depuis 1979 et que La Tribune publie en exclusivité. Ce chiffre de 50 % est le plus mauvais depuis 2004. Ainsi le pourcentage de cadres dont le niveau de vie se réduit ne s'élevait qu'à 34 % en 2006 et 39 % en 2005. L'enquête du syndicat ­confirme les prévisions les plus pessimistes pour les cadres, population clé des entreprises, avec les conséquences évidentes sur leur motivation.Certes, ce chiffre d'origine syndicale peut toujours être soupçonné de noircir le tableau pour entamer en position de force les négociations salariales à venir. Cependant l'étude Oscar, fondée sur un panel de cadres suivis sur plusieurs années, a quasi systématiquement dévoilé avec justesse les tendances des évolutions salariales. L'an passé, elle soulignait la très bonne année 2006 pour le pouvoir d'achat des cadres, la meilleure depuis 2002.RENVERSEMENT DE TENDANCEL'étude que nous publions aujourd'hui met donc en évidence un net renversement de tendance. Elle annonce la fin de la période bénie débutée au début des années 2000. La chute est brutale. Le pourcentage de cadres les moins chanceux, ceux dont le pouvoir d'achat chute de plus de 4 %, atteint le niveau record de 14 % ­contre seulement 5 % en 2006. Le nombre des cadres les mieux lotis s'effondre. " Les populations bénéficiant de gains sont toutes en recul par rapport aux années précédentes ", souligne la CFDT Cadres. En moyenne, le gain de pouvoir d'achat n'est plus que de 0,2 %, contre 2 % en 2006 et en 2004 et 2,2 % en 2005. Une perte sèche ! " La croissance du pouvoir d'achat a été nulle, sans doute pour la première fois depuis ces vingt dernières années ", insiste lourdement le syndicat.Cependant certains cadres tirent leur épingle du jeu. Leur portrait-robot : une femme fonctionnaire de 41 à 50 ans. Les femmes en effet voient leur pouvoir d'achat progresser de 1,4 % contre une baisse de 0,1 % pour les hommes. Les fonctionnaires, comme l'an passé, tirent parfaitement leur épingle du jeu salarial. Seuls 49 % perdent du pouvoir d'achat contre 52 % pour les cadres du secteur privé. Enfin, seuls 38 % des quadragénaires perdent du pouvoir d'achat contre 48 % pour les 31-40 ans et 52 % des 51-60 ans. L'étude ne prend pas en compte les cadres débutants dont, semble-t-il, les salaires dans certains secteurs flambent.LE NOMBRE D'AUGMENTATIONS INDIVIDUELLES EN BAISSE C'est dans la génération des 41-50 ans que se trouvent les principaux bénéficiaires des augmentations individuelles, reconnues depuis dix ans comme le seul moyen de voir sa rémunération vraiment progresser. Las, le nombre de cadres bénéficiant de ces augmentations individuelles se réduit année après année, passant de 57,1 % en 2005 à 52 % en 2007. En revanche, les augmentations collectives opèrent leur retour. 66,7 % des cadres en ont reçu une en 2007, contre 64,3 % en 2005. Mais ces augmentations générales ne parviennent pas à compenser la hausse brutale des prix. Et les cadres s'en rendent compte.Cette étude devrait également servir d'arme dans les négociations salariales d'entreprise, même si la CFDT Cadres reste très profil bas dans les actions qu'elle envisage sur le terrain des rémunérations. En tout cas, elle donnera des soucis au pouvoir, alors que, hier, Nicolas Sarkozy s'est déplacé en Charente-Maritime pour promouvoir l'intéressement et la participation, les deux seuls leviers sur lesquels il peut agir pour améliorer le pouvoir d'achat et la consommation des ménages, avec les réductions de charges accordées aux entreprises qui négocient sur les salaires. Mais déjà, les entreprises semblent écarter d'un revers de main ces propositions. Selon la première étude prévisionnelle pour 2009 du cabinet Hewitt, la hausse des prix sera moins bien compensée que l'an passé...

latribune.fr

26 Sept 2008, 20:03

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