Pertes historiques de 10 milliards d'euros pour Allied Irish Bank

S'il fallait une illustration de l'ampleur de la catastrophe bancaire en Irlande, Allied Irish Bank l'a fournie ce mardi en présentant ses résultats pour 2010. La banque, déjà nationalisée à 93 %, a réalisé la pire perte nette de son histoire, à 10,3 milliards d'euros. C'est cinq fois plus qu'en 2009, preuve que le redressement est encore loin.La banque annonce aussi la suppression de 2000 emplois dans les deux années à venir, en addition aux 1 300 emplois déjà supprimés en 2009 et 2010 : au total, cela fera presque 20 % d'employés en moins.Comme dans l'ensemble du secteur bancaire irlandais, les pertes d'AIB s'expliquent assez simplement : son portefeuille de prêts est extrêmement mauvais, avec 13,4 % officiellement classés « mauvaises dettes ». Les prêts auprès des prometteurs immobiliers et des constructeurs sont particulièrement dégradés : seuls 48 % d'entre eux sont jugés satisfaisants, ce qui signifie que plus de la moitié d'entre eux a des problèmes plus ou moins sérieux de remboursement. Au total, sur trois ans, AIB a essuyé 20 milliards d'euros de pertes pour mauvaise dette : dans un petit pays comme l'Irlande, cela représente 12 % du PIB.Problème de confianceCes difficultés sur les prêts ont provoqué une perte complète de la confiance des Irlandais dans AIB. Ceux-ci ont retiré leur argent en masse : les dépôts de la banque ont baissé de 30 % en 2010, avec des retraits nets de 22 milliards d'euros. Le financement de la banque s'en trouve donc nettement détérioré, et celle-ci dépend plus que jamais de la liquidité fournie par la banque centrale européenne.C'est pourtant sur cette base que le nouveau gouvernement irlandais a annoncé le mois dernier qu'il entendait reconstruire le paysage bancaire du pays. AIB va être fusionnée de force avec EBS building society, un plus petit établissement également en graves difficultés. Ensemble, ils doivent former l'un des deux piliers bancaires irlandais, l'autre étant constitué autour de Bank of Ireland. Les analystes espéraient ce mardi avoir des détails sur la façon dont AIB sera fusionnée et reconstruite. Ils ont été déçus. La direction de la banque a répété ce qu'elle avait déjà été annoncée. Son capital va être augmenté de 13,3 milliards d'euros, via une injection venant de l'État, mais la date n'est toujours pas précisée. Par ailleurs, environ 30 % de son portefeuille de prêts vont être fermés ou vendus. Mais là encore, la direction se refuse à donner plus de précisions. Seule certitude : « cela prendra du temps », reconnaît David Hodgkinson, le président exécutif de la banque.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.