Toute toute première fois

La passion du paysage de Gilles Clément est née à l'extrême nord du Limousin, dans la Creuse. Ses parents possèdent une maison avec un jardin au coeur d'un vallon où convolent les papillons. Enfant, il s'y réfugie et apprend à s'y exprimer. Et à 14 ans, il plante ses premiers arbres. « C'est ici, dans cette région calcaire, que j'ai découvert les plantes, les animaux, les gens. Le désir de faire avec la nature et de la comprendre. » Devenu professeur à l'École nationale supérieure du paysage, à Versailles, grand prix du Paysage en 1998, l'ingénieur agronome est le plus grand paysagiste français. De Shanghai à Saint-Nazaire, en passant par l'abbaye de Valloire en Picardie, Rennes, Grenoble, Melle... Le créateur du jardin André-Citroën (Paris XVe) et du parc du musée des Arts premiers au quai Branly, révolutionne notre façon de cultiver nos jardins. « C'est en pratiquant que je me suis rendu compte que l'on pouvait faire très différemment que ce que l'on faisait habituellement, je voulais me libérer de l'astreinte de la machine. » Son jardin de la vallée des Papillons, dans la Creuse, lui sert de laboratoire. Gilles Clément est un homme doux?; il n'aime pas l'interventionnisme forcené de l'homme sur la nature?; ce qu'il veut, c'est l'accompagner, la comprendre, la respecter. Résultat?: sous le concept du jardin en mouvement, il nous apprend à découvrir et à aimer les herbes folles. Finies les plates-bandes bien alignées, la nature bien ordonnée, « la propreté est totalement contraire à la biodiversité, il faut laisser les plantes vagabonder ». D'elles-mêmes, les plantes annuelles ou bi-annuelles, telles les digitales ou les pavots se ressèment au gré du vent ou du bon vouloir des animaux (les insectes ou les oiseaux particulièrement) dans les jardins?; pourquoi ne pas les accompagner et, plutôt que de passer sur elles une tondeuse ravageuse, apprendre à moduler l'espace selon leur apparition?? De même, la nature se contente de peu, un interstice dans le bitume suffit pour que fleurisse une grande berce du Caucase, des valérianes. « J'aime que mes jardins soient des lieux de liberté. Ce que je cherche, c'est la pauvreté maximale, où vient se réfugier la diversité?; un jardin sans entretien. »Engagé en faveur de l'écologie, en 2007, au lendemain de l'élection présidentielle, il a annulé tous ses contrats avec l'État, pour se consacrer à des projets de résistance. Artisan et artiste, à cheval entre plusieurs métiers, architecte aussi, Gilles Clément milite pour la protection de la diversité. « En France, 96 % des eaux sont polluées. Sommes-nous suicidaires?? Ou allons-nous envisager une nouvelle économie?? » I. L. ? Lundi : Éric Brion, directeur de la chaîne Equidia, au rythme du Palio.
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