C'est l'histoire d'un amour...

L'histoire ne dit pas si les grévistes d'hier seront de la partie demain... Demain ? Il s'agit de célébrer son entreprise. Cela s'appelle « J'aime ma boîte », c'est une initiative de Sophie de Menthon, présidente du mouvement Ethic, et c'est la 8e édition. Ces jours-ci l'évènement prend de nouveaux accents. On sort de la crise, ou en tout cas on voudrait le croire...et on s'accroche. À quoi ? À sa boîte bien sûr. « Les salariés se sont dit qu'il faisait bon chez soi. D'ailleurs peu de cadres envisagent de changer de job en ce moment », souligne la dirigeante. Le sondage réalisé pour cette occasion en septembre par l'institut Opinion way révèle que 69 % des salariés interrogés déclarent aimer leur boîte en 2010. 61 % d'entre eux s'y verraient bien jusqu'à leur retraite et 48 % des moins de 35 ans partage ce souhait...Troublant ! Faut-il y lire un soupçon d'angoisse ? En tout cas un désir de sécurité et de réassurance dans ce monde en constant bouleversement ? Ou bien faut-il suivre la thèse de Luc Ferry ? L'ex-ministre de l'Éducation Nationale publie ces jours-ci un nouvel opus « la Révolution de l'amour ». Selon lui c'est l'amour qui désormais anime notre vie intime, mais aussi intellectuelle, sociale, et politique. Loin de pousser à l'individualisme et au repli sur soi, cela aurait pour conséquence l'ouverture au collectif. Bref « nous aimons plus que jamais », a-t-il conclu aux Entretiens du journal « Le Monde » samedi dernier. Ainsi « aimer sa boîte » c'est surtout aimer les gens avec lesquels on partage ce quotidien. « L'entreprise est devenue un repère, une sorte de seconde famille », note Sophie de Menthon. L'ambiance au travailCrise oblige, il a bien fallu faire une croix sur les augmentations de salaire et les progressions hiérarchiques. Résultat : 51 % plébiscitent l'amitié entre collègues, 47 % l'ambiance au travail, et 55 % souhaiteraient que l'entreprise leur offre des services dans leur vie personnelle. Pour beaucoup, le réseau amical est au bureau. « On demande à l'entreprise autant qu'à son couple », en conclut la dirigeante. Avec l'attente et la charge émotionnelle qui vont avec. C'est là que les ennuis commencent... car qui dit relation affective dit risque de relation trop fusionnelle et... désillusions, tensions et agressivité. Attention au burn-out dû à un trop fort engagement et à des attentes excessives. Les suicides sur le lieu de travail témoignent aussi d'une relation passionnelle, comme un message laissé aux plus proches, en l'occurrence les collègues. Alors aimer sa boîte, pourquoi pas, mais comment ? L'aimer pour l'intérêt de ce qu'on y fait protège d'un trop grand investissement affectif. A contrario, n'en faire qu'un lieu froid et désincarné, sous couvert de se protéger, empêche une confrontation riche et salutaire avec ses collègues. Car comme dans l'amour, les relations sont des jeux de miroirs qui nous en apprennent autant sur les autres que sur nous-mêmes. Le maître mot : conserver un sain recul. Ne pas céder à l'impulsivité ? comme dans la scène conjugale ? provoquée par l'impuissance et la frustration de ne pas être en mesure de tout résoudre. Faites la part des choses entre ce qui vient de vous et sur lequel vous pouvez agir, et sur ce qui vient des autres ou de l'extérieur et pour lequel vous ne pouvez rien. Regardez loin...pour ne pas être confronté à un échec immédiat ou un problème sans solution. Et s'il vous plaît, ne prenez pas votre entreprise pour votre conjoint(e).d
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