La Turquie frustrée face à l'Europe

La France, l'Allemagne, la Pologne, l'Autriche?: la Turquie a lancé une nouvelle offensive auprès de ces pays afin de promouvoir son intégration à l'Union européenne (UE). Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan a exhorté le week-end dernier la chancelière Merkel à soutenir son pays dans les négociations avec l'UE afin d'éviter « un ralentissement du processus d'adhésion ». Au même moment, son gouvernement annonçait une croissance de 6,8 % cette année et de 4,5 % en 2011. Alors que 69 % des Allemands, selon un sondage paru dimanche, demeurent opposés à l'entrée de la Turquie dans l'UE, Angela Merkel s'est contentée de dire que les négociations se poursuivent sans que leur issue soit fixée. Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, en Turquie ce mardi et mercredi, n'a lui pas laissé de doutes sur l'hostilité continue de l'Élysée au projet turc de rejoindre l'Union. Il estime qu'il « ne faut pas précipiter les choses », et que les chapitres de négociations avec l'UE (35 au total) doivent être ouverts « un à un ». Malentendus à leverPour l'heure, seuls 13 chapitres visant à l'accession sont ouverts, et encore, l'Union en a suspendu 8, du fait du refus de la Turquie d'ouvrir ses ports et aéroports au trafic de la partie grecque de Chypre, tandis que la France en a unilatéralement bloqué 5. Bernard Kouchner estime que le chapitre sur la concurrence « devrait pouvoir être ouvert avant la fin de l'année». Les volets politique sociale et emploi seraient abordés « l'an prochain », la réforme des marchés publics « ne devant pas poser de problème ». Le ministre français fait aussi miroiter à la Turquie qu'en s'impliquant plus dans l'Union pour la Méditerranée (UPM), elle s'attirerait les faveurs de l'Élysée. L'UPM ne séduit qu'à moitié Ankara, qui y voit le danger d'être cantonné dans un second rôle au sein de ce partenariat hétéroclite de la région. Pis, les Turcs craignent que Paris et Berlin les limitent à un « partenariat privilégié », selon la formule d'Angela Merkel, avec l'UE, sans adhésion formelle au club des 27.La probable venue prochaine de Nicolas Sarkozy à Ankara permettra ? peut-être ? de lever certains malentendus entre les deux pays.Lysiane J. Baudu et Frank Paul Webe
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