Philippe Benacin, le parfum par esthétisme

Le premier contact est un peu déroutant. « Il fait beaucoup d'humour au deuxième et troisième degré. Il aime bien la rhétorique, jouer sur les mots. C'est un peu déstabilisant », confie un de ses collaborateurs qui a encore en mémoire son premier rendez-vous d'embauche : « Un moment toujours étonnant, tout le monde s'en souvient dans la société. » Il n'est pas besoin d'être grand clerc pour comprendre qu'il s'agit là de pudeur pour cacher une grande sensibilité. « Je suis très extraverti. Je suis là pour m'amuser », se défend ce natif de Tunisie élevé en France dès son plus jeune âge. Aujourd'hui, Philippe Benacin est un homme heureux. « 2010 est une très bonne année pour Inter Parfums », déclare le PDG de la société qui développe des parfums dans le cadre de contrats de licence pour des marques de luxe (Burberry, Lanvin, Van Cleef & Arpels, Montblanc...). Pour l'année 2010, Inter Parfums table sur un chiffre d'affaires de 295 millions d'euros, en hausse de 14 % par rapport à l'exercice 2009 (« La Tribune » du 18 novembre). L'année 2011 s'annonce sous les mêmes auspices avec un chiffre d'affaires qui devrait s'élever aux alentours de 330 millions d'euros. « Nous avons encore beaucoup de marge pour progresser », ajoute le président.En 2010, Inter Parfums a signé un accord mondial de licence avec Montblanc et Jimmy Choo. Les lancements de parfums sont prévus pour ces deux marques en 2011. La société a lancé une ligne de cosmétiques pour Burberry. Elle s'est alliée aux États-Unis avec Clarins afin d'optimiser ses structures commerciales et sa logistique.« Un leader »Philippe Benacin est arrivé au parfum « par hasard » avoue-t-il. Grâce à une rencontre alors qu'il faisait des études de marché pendant son cursus à l'Essec, avec son collègue de promotion Jean Madar. « L'environnement du parfum est très créatif », explique-t-il. À la fois sur le plan olfactif mais aussi au niveau de la création du produit qui touche beaucoup à l'industrie lourde (verre, plastique, cartonnage...). Les deux compères fondent Inter Parfums en 1983. Jusqu'en 1990, la société crée des parfums pour des marques grand public puis se tourne vers les marques de luxe. Une première licence est signée avec Régine. Plus tard, ce sera avec Burberry en 1993, puis ST Dupont en 1998, Lanvin et Nickel en 2004, Van Cleef en 2007, etc. En 1995, IP est introduite en Bourse. Puis les accords de licence avec les marques de luxe se multiplient : « Le monde du parfum est impalpable. Il colle bien à mon sens de l'esthétisme », souligne le PDG d'Inter Parfums.« Philippe est quelqu'un d'extrêmement humain, généreux, très droit, un leader, ajoute un proche. Il n'y a pas de guerre de services dans cette entreprise. Tout le monde avance dans le même sens. Il me bluffe par son intuition. Il sent les choses. Il croit en ce qu'il dit et en ce qu'il fait. C'est quelqu'un de très participatif qui respecte les gens. L'humanité est quelque chose qui fait sens pour lui. » D'où son rapport à l'art, à la musique - il joue de la guitare - et à la peinture. C'est un amateur d'art contemporain.
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