La fondation Sam Art Projects rapproche Nord et Sud

São Paulo dans les années 1980. Alors que le Brésil sort peu à peu de la dictature, une poignée de jeunes plasticiens underground débarque sur la scène artistique pauliste. Au programme : happenings, expositions, débats, performances. Parmi eux, une dessinatrice, Sandra Hegedus. « Mais je ne me suis jamais considérée comme une artiste », tient-elle à préciser. Reste que son engagement auprès des plasticiens, aujourd'hui mené à travers la fondation Sam Art Projects (sous l'égide de la Fondation de France), vient de là.Depuis le São Paulo des « eighties », des années ont passé. Sandra est venue en France, elle a épousé Amaury Mulliez, le fils de Gérard Mulliez le fondateur d'Auchan. Et c'est avec son mari, homme d'affaires, et sur leurs deniers personnels, qu'elle a continué à vivre sa passion pour l'art. Le couple a ainsi constitué une importante collection d'art contemporain. « Beaucoup de gens voyaient chez nous des artistes étrangers qu'ils ne connaissaient pas. Nous avons alors eu l'idée de tisser des liens entre le Nord et le Sud. Comme nous l'avons fait pour notre couple », confie Sandra.Ainsi est née leur fondation en 2009. Sa mission ? Attribuer chaque année un prix pour l'art contemporain doté de 20.000 euros. Le prix Sam récompense un projet en lien avec un pays émergent, réalisé par un artiste résidant en France, représenté par une galerie. Première reçue, Zineb Sedira, dont la vidéo primée, « Gardiennes de mémoires », est actuellement présentée au palais de Tokyo. Elle y donne la parole à Safia Kouaci, la veuve de Mohamed Kouaci, le seul photographe officiel de la guerre d'indépendance algérienne. Elle est aujourd'hui la seule et dernière gardienne des archives exceptionnelles de son mari. « J'avais envie de parler de l'art comme d'une arme de guerre, des intellectuels qui se battent, mais aussi du rôle de la femme dans l'histoire de l'art. Et puis l'histoire de Safia me renvoie à moi. Que va devenir mon travail quand je ne serai plus là ? » explique Zineb Sedira. Grâce à la dotation du prix, elle a pu louer une caméra, faire venir son équipe en Algérie, payer le montage. « La présentation de ?Gardiennes de mémoires? au palais de Tokyo va donner une visibilité à l'oeuvre de Kouaci. » Non contente de donner ce prix, la fondation (dont le budget n'est pas communiqué) invite aussi en France des artistes issus de pays émergents et prend tous leurs frais à sa charge pour une somme équivalente en moyenne à celle du prix Sam. Un magnifique et gigantesque atelier niché dans la paisible Villa Raffet située dans le 14e arrondissement à Paris est mis à leur disposition. Des déjeuners y sont organisés avec d'importants responsables culturels européens. L'oeuvre réalisée fait ensuite l'objet d'une exposition et d'un catalogue au musée d'Art moderne de la Ville de Paris. « C'est important de laisser aux générations futures un témoignage artistique de notre époque », explique la mécène. « Gardiennes d'images » de Zineb Sedira au palais de Tokyo, Paris 75016, jusqu'au 2 janvier.Inci Eviner, résidente de la Villa Raffet, au musée d'Art moderne de la Ville de Paris, 75016, du 14 janvier au 3 avril. www.samartprojects.com
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