EDF reste en embuscade pour jouer un rôle prépondérant chez Areva

Cette augmentation de capital a minima laisse la porte grande ouverte aux visées du PDG d'EDF, Henri Proglio, sur Areva. Un deuxième tour de table est d'ores et déjà évoqué par Bercy dans un communiqué. Celui-ci viserait, « si besoin est », « à compléter cette première augmentation de capital » et « à conforter les partenariats industriels » d'Areva. Outre EDF, sont ainsi également visés Alstom ou encore l'industriel japonais Mitsubishi, candidat malheureux au premier tour. Bref, la question du capital d'Areva, en débat depuis la tentative avortée en 2004-2005 de son introduction partielle en Bourse, reste entière en 2011. Même si la volonté de Nicolas Sarkozy de constituer des « champions nationaux » la pose différemment en encourageant les ambitions d'Henri Proglio.Depuis sa nomination à la tête de l'électricien public l'hiver dernier, l'ancien patron de Veolia milite pour qu'EDF conforte sa place de chef de file de la filière nucléaire française en entrant à la fois au capital et au conseil de surveillance d'Areva. Désireux de ne pas apparaître trop hégémonique, EDF peaufine d'ailleurs depuis des semaines une posture de sauveur du groupe nucléaire français. L'entourage d'Henri Proglio explique qu'EDF « se tient prêt à monter au capital d'Areva, si c'est nécessaire, si l'État le souhaite et à la hauteur que l'État décidera ».En fait, Henri Proglio rêve de prendre 15 % d'Areva, assorti d'un siège au conseil. EDF détient déjà 2,4 % du constructeur nucléaire. Il s'agit pour le PDG d'EDF de conforter une vraie coopération industrielle entre les deux groupes qui se livrent depuis des années à une bataille larvée desservant les intérêts de la filière. « Mais on ne le fera pas à n'importe quelles conditions », martèle l'électricien, en exigeant l'accès aux comptes d'Areva.reconduction d'« Atomic Anne » peu probableLa fin du deuxième mandat d'Anne Lauvergeon, qui expire en juin 2011, arrive à point nommé pour servir ce projet. La présidente du directoire d'Areva est farouchement opposée à cette option. Si EDF entrait au conseil d'Areva, « tous nos clients, qui sont concurrents d'EDF, considéreraient qu'il n'y a pas exercice de la libre concurrence », a-t-elle déclaré devant des sénateurs le 24 novembre dernier. « À la création d'Areva, ils s'étaient posé la question de savoir si Areva ne serait pas le caniche d'EDF. Ils ont constaté qu'on était extraordinairement fiable », a-t-elle ajouté. « EDF aussi y perdrait si son investissement perdait de la valeur en raison de sa présence ! » avait-elle conclu.Or, la reconduction d'Anne Lauvergeon semble peu probable. Même si « Atomic Anne » a fait la preuve de sa résistance hors pair depuis sa nomination à la tête de la Cogema en 1999, l'attribution d'un troisième mandat est rare pour un patron d'entreprise publique. Un comité chargé de sa succession est en train de se constituer au sein du conseil de surveillance du groupe, sous la houlette de René Ricol, commissaire général à l'Investissement. Pour l'heure, dans son entourage, on tente de minimiser le danger EDF. « Il faudra combien de temps pour que l'État décide ? Dix-huit mois, deux ans ? ironise-t-on. M.-C. L.
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