Sophie Hallette profite de la bonne santé des marques de luxe

D'ici à quelques jours, Sophie Hallette aura terminé son installation dans un nouveau bâtiment de 1.400 m2 dédié à la teinture de ses dentelles. Cette entreprise plus que centenaire - elle fut créée en 1887 - entend ainsi se doter d'un outil industriel plus rationnel. « Pour avoir de belles perspectives, il faut un outil moderne, adapté à notre époque », insiste Romain Lescroart, le président de la PME familiale. Rescapée des entreprises dentellières du Nord, Sophie Hallette a su adapter ses produits, issus d'une technologie du XIXe siècle, aux besoins des clients actuels : haute couture, prêt-à-porter de luxe et lingerie haut de gamme.« La dentelle Leavers que nous fabriquons était censée reproduire la dentelle faite à la main de façon mécanisée, mais sans notion de productivité. Une qualité aujourd'hui encore inégalée par les matériels modernes qui font de la dentelle à moindre coût, tricotée, tandis que la Leavers est tissée. Ce qui lui donne un tomber, une souplesse et une solidité singuliers », explique Romain Lescroart. De quoi séduire bien sûr la plupart des grandes maisons, aussi bien pour leurs collections haute couture que pour leurs gammes de prêt-à-porter de luxe, ces deux marchés représentant à eux seuls 60 % du chiffre d'affaires de Sophie Hallette (13,5 millions d'euros pour le dernier exercice, clos fin août). Quant au marché de la lingerie haut de gamme, Sophie Hallette s'appuie sur le savoir-faire d'un de ses deux sites, à Caudry (Nord) où se trouve son siège social, pour répondre aux besoins spécifiques de ses clients. L'autre site est à Calais.Véritable locomotiveDernière activité, la fabrication de tulle Bobin, ancêtre de la dentelle Leavers. « La production de ce tulle fait l'éloge de la lenteur : les machines fonctionnent très lentement. Mais le tissage est magnifique, avec des mélanges de matières originales, principalement utilisé pour la haute couture, mais aussi pour des costumes originaux », précise Romain Lescroart.Même si la haute couture sert de vitrine aux dentelles Sophie Hallette, c'est bien sûr le prêt-à-porter qui est la véritable locomotive de l'activité, porté par l'essor du luxe dans le monde. « Sans être directement connecté aux marchés émergents, nous bénéficions de la croissance des marques de luxe. Un nouveau souffle qui nous permet d'affirmer notre capacité de création et notre savoir-faire industriel », ajoute le dirigeant. Sophie Hallette dispose ainsi de trois bureaux de style (12 salariés sur les 160 que compte l'entreprise) : un dédié à l'ennoblissement des produits, un deuxième pour le prêt-à-porter et le dernier pour la lingerie. « Notre règle, c'est qu'il n'y a pas de limite à la créativité », insiste Romain Lescroart. Une stratégie qui permet à Sophie Hallette de réaliser 80 % de son chiffre d'affaires à l'export et surtout de fidéliser ses clients en anticipant leurs besoins. Quant à la Chine, ce sera certainement le prochain défi pour la PME même si, pour l'instant, les clients potentiels ne sont pas sensibles au charme de la dentelle Leavers. En attendant, Romain Lescroart se prépare à saisir les opportunités qui se présenteront, « sans trahir l'identité de Sophie Hallette ».
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