PME : un an après, il y a toujours urgence !

Que retiendront les chefs d\'entreprises de la première semaine de mai 2013 ? Les déclarations du Président de la République ouvrant la porte au dialogue avec les entrepreneurs pour créer de l\'emploi; les propos de certains députés socialistes mettant en cause le modèle économique allemand ou l\'intervention du ministre du redressement productif dans l\'affaire Dailymotion? La gauche au pouvoir a toujours eu du mal à parler d\'une même voix au monde de l\'entreprise. Ecartelée entre la nécessité de coller à la réalité économique, de favoriser le dialogue social et de se nourrir de lyrisme pour la France, l\'Europe et... le reste du monde. Mais un an après l\'élection de François Hollande les entreprises n\'attendent pas que l\'on refasse la Révolution Française. Elles ont besoin de retrouver la confiance. Elles sont attentives aux mesures concrètes. En effet, selon le baromètre CGPME-KPMG d\'avril 2013, 92% des chefs d\'entreprises se déclarent inquiets pour l\'économie française, quand 53 % sont soucieux pour le futur de leur activité dans les mois à venir...Mettre fin à la \"carence\" de représentation des PMEC\'est pourquoi il reste à mettre en place un véritable Observatoire du Financement des Entreprises et établir un tableau complet du financement des PME dans notre économie. Sans connaissance précise de la réalité économique que représentent les TPE-PME nos décideurs ne peuvent effectuer des choix pertinents pour corriger les déséquilibres. Trop souvent dans les relations juridiques, les échanges économiques, les relations avec les consommateurs les PME sont assimilées aux groupes du CAC 40. Cela n\'a pas de sens. Ces entreprises ont besoin de plus de souplesse, moins de contraintes pour se développer et créer de l\'emploi. Le dernier rapport de l\'OCDE ne souligne-t-il pas l\'importance des TPE-PME pour relancer les économies ? Encore faut-il que les patrons de PME trouvent leur place dans nos institutions même s\'ils ne sortent pas des grandes écoles ou des grands corps de l\'Etat. On doit mettre fin à cette carence représentative et donner aux vrais entrepreneurs leur juste place dans les mécanismes de décisions, les instances de débats et de contrôle qui les concernent. Aux organisations patronales de reprendre l\'initiative en ce domaine, de faire des propositions concrètes et d\'en garantir la diversité.Améliorer les relations avec les banquesIl convient ensuite de porter notre effort sur les relations banques/PME. Si la Banque de France relève une progression des crédits bancaires d\'investissements PME (2,1 % sur les douze derniers mois) l\'accès aux crédits de court terme, les crédits de trésorerie sont une priorité. Trop d\'entreprises, les plus petites d\'entre elles, ont toujours à connaître des difficultés d\'accès au crédit. Et il ne s\'agit pas de montants exceptionnels. Peut-on encore refuser 3 000 € à une PME pour finir le trimestre alors qu\'elle dispose de commandes en attentes, même si le dernier exercice comptable n\'a pas été positif? C\'est pourquoi, alors que les entreprises sont actuellement en période de bilan et qu\'elles doivent négocier de nouvelles lignes de crédits, nous devons améliorer le suivi des crédits de trésorerie accordés et refusés. Et mettre en place des solutions rapides. Il faut également favoriser la concurrence entre les établissements financiers, inviter les entreprises à se multi-bancariser afin de répartir les risques et faire connaître les mécanismes de garantie de la Banque Publique d\'Investissement (BPI).Tous les entrepreneurs sont actuellement le nez dans le guidon. L\'information et la communication sur les mesures en place doit aller vers eux. Il faut être clair et faire œuvre de pédagogie. L\'Etat en a-t-il la volonté et les moyens financiers ? C\'est aussi le rôle des banquiers et des experts comptables. Informer les entrepreneurs de la possibilité de recourir à des crédits de moyens termes pour financer leurs besoins récurrents de trésorerie. En matière de Besoins de Fonds de Roulement (BFR) on doit mettre en place des crédits glissants sur des critères adaptés. Ils peuvent être revus et corrigés chaque année avec en appui la garantie de BPI France. Oséo a su trouver sa place dans le cœur des entrepreneurs. Les regards se tournent maintenant vers la BPI tant en matière de garantie de trésorerie que de préfinancement du CICE. On peut également emprunter de nouvelles voies: étudier la possibilité de réaliser du cautionnement mutuel professionnel pour les crédits de trésorerie. Des initiatives catégorielles existent, travaillons réellement à les adapter pour toutes les PME. Enfin, donnons-nous de vrais moyens et valorisons la Médiation Nationale du Crédit. Elle a montré qu\'elle était indispensable pour rapprocher banquiers et entrepreneurs et accompagner les TPE dans leurs moments critiques. Elle doit disposer de vrais moyens pour communiquer et son conseil d\'administration doit s\'ouvrir.Pas de réussite durable sans réduction des coûts En matière d\'assurance-crédit, certes nous ne sommes plus en 2008, des progrès ont été faits dans le dialogue avec les entreprises et dans la prise en considération du risque. Mais nous devons faciliter le recours à l\'assurance-crédit par le biais d\'une syndication des assurés au travers des contrats de filières et généraliser les demandes d\'engagement. Veiller aussi à ce que les assureurs crédits ne réduisent pas à zéro leur exposition sur un acheteur sans préalablement procéder à des diminutions de couverture.Enfin on doit se demander s\'il faut désespérer, chaque année, en matière de délais de paiements. On constate toujours des retards dans une entreprise sur trois. Les retards de paiement représentent 12 milliards d\'euros. Il y a urgence à améliorer les règlements interentreprises et appliquer la loi. L\'absence de respect de la loi de Modernisation de l\'Economie (LME) impacte durablement la trésorerie des entreprises. On attend toujours des solutions bancaires adaptées, la clarification sur la computation des délais, l\'instauration de sanctions administratives et une interprétation définitive du dispositif par les commissaires aux comptes. On le voit bien, un an après, les problèmes économiques restent les mêmes d\'autant qu\'il ne peut y avoir de réussite durable sans limiter les coûts financiers qui touchent toujours les PME. Bernard COHEN-HADAD est président du Think Tank Etienne Marcel et Président de la Commission financement des entreprises de la CGPME.  
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