Premier ministre, un poste instable au Japon

« Vous avez le choix entre un homme louche mais compétent et un type intègre mais incapable. » Voilà, résumé d'une manière brutale par un cadre du Parti démocrate du Japon (PDJ, au pouvoir), le triste choix auquel a dû se résigner le Japon tôt ce mardi lors d'un scrutin interne au PDJ. De ce vote doit résulter le nom du secrétaire général de cette formation politique et par voie de conséquence celui du Premier ministre nippon. Actuellement en charge de ces deux fonctions, Naoto Kan a dû mener une campagne interne contre Ichiro Ozawa, grand faiseur et défaiseur de majorités. Séducteur, issu des milieux activistes des années 1970, Naoto Kan ne dirige l'archipel que depuis trois mois. Après un début catastrophique aux affaires, il a sérieusement érodé le capital de confiance dont il disposait dans l'opinion, mais demeure encore relativement populaire. Surtout, les errements de la nouvelle majorité formée autour du PDJ, au pouvoir depuis septembre 2009, ont fait perdre aux Japonais une partie de leurs illusions sur ce qu'ils devaient attendre de l'alternance politique après un demi-siècle de règne quasi ininterrompu du Parti libéral démocrate (PLD). Naoto Kan est le cinquième Premier ministre que connaît l'archipel en quatre ans. De son côté, Ichiro Ozawa, présenté comme un « shogun de l'ombre » est plus craint qu'aimé. Transfuge du PLD, cet homme ombrageux et secret est perçu comme un artisan du clientélisme dont l'alternance politique devait débarrasser le Japon : subventions distribuées aux régions, primes offertes aux agriculteurs sans exigence de rentabilité, soutien aux exportateurs par une politique d'intervention des changes inutile et ruineuse... Ses promesses de campagne laissent augurer du pire. Par ailleurs, Ichiro Ozawa se présente devant son parti alors qu'il pourrait être inculpé tout prochainement dans une affaire de financement de campagne illégal. Stratège« Naoto Kan et Ichiro Ozawa ont chacun leurs défauts. Kan n'est pas encore mûr, mais Ozawa est de la vieille école », résume le japonologue Richard Katz. Reste que grâce à ses talents de stratège, Ichiro Ozawa a su se constituer un clan de fidèles, élus et cadres au sein du PDJ. Sur les 340.000 membres de ce parti appelés à voter, les 412 élus à la Diète détiennent les deux tiers des suffrages. Or une importante partie d'entre eux doit son élection à Ichiro Ozawa. Régis Arnaud, à Tokyo
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