Google attendu de pied ferme par les éditeurs

Si l'invité d'honneur de la 61e Foire du livre de Francfort est officiellement la Chine, c'est Google qui a été la vedette de la conférence de presse d'ouverture, hier. Les intervenants ont tous évoqué le défi qu'a lancé le géant américain d'Internet au monde de l'édition en numérisant des milliers d'ouvrages sans toujours se soucier de payer les droits d'auteur, au moment même où surgit le livre numérique.En Allemagne, les menées de Google ont particulièrement inquiété. L'« appel de Heidelberg », lancé par des chercheurs pour demander le respect du droit d'auteur sur Internet, a été signé par plus de 2.500 auteurs et éditeurs. Angela Merkel a rappelé dimanche qu'elle souhaitait que « le droit d'auteur soit respecté sur Internet ». Le syndicat des éditeurs et libraires, le Börsenverein, met en garde depuis plusieurs années contre le risque de monopole de Google sur le numérique. Mais les éditeurs français sont également combatifs pour conserver le contrôle de leur marché et surtout celui du contenu et du prix du livre numérique. Ils n'ont donc pas hésité, derrière le Syndicat national de l'édition (SNE), à intenter un procès à Google.Mais en réalité, c'est la justice américaine qui aura le dernier mot. L'accord passé entre Google et les éditeurs américains, jugé trop favorable à Google par les éditeurs européens, pourrait pourtant s'imposer à eux. Le ton assez dur de la justice new-yorkaise rend cependant Gottfried Honnefelder, président du Börsenverein, plutôt optimiste. Il se dit certain que le nouveau projet d'accord attendu pour le 9 novembre devrait « ouvrir la voie à un compromis acceptable », même s'il restera, selon lui, douloureux pour les auteurs et les éditeurs.« Nous voulons collaborer avec ce remarquable moteur de recherche, mais dans le respect des droits des auteurs, de leurs ayants droit et des éditeurs », affirme ainsi Arnaud Noury, président de Hachette Livre, premier éditeur français et numéro deux mondial. Et Serge Eyrolles, président du SNE, de résumer : « Nous ne sommes absolument pas opposés au nouveau moyen de diffusion qu'est le numérique, mais nous ne voulons pas faire la même erreur que l'industrie musicale, qui n'a pas su réagir et qui, par exemple, a vu Apple imposer son prix unique sur sa plate-forme iTunes. » Les éditeurs français estiment s'être attaqués au dossier suffisamment en amont. « Nous sommes dans le bon timing, car il n'y a pas encore de march頻, estime Alain Kouck, président d'Editis, numéro deux français.changement radicalReste que le défi numérique va nécessiter un changement radical de modèle économique. Car si le marché du livre électronique est encore balbutiant, son avenir est prometteur. La moitié des 840 professionnels de l'édition présents à la Foire estime que dans dix ans, les ventes de livres numériques dépasseront celles du support papier.Le premier défi demeure celui de la distribution. En Allemagne, une plate-forme unique, Libreka, a été créée, mais elle a un peu tardé dans sa mise en place. En revanche, en France, chacun a créé sa propre société. Au grand dam de Hachette Livre, qui avait même été jusqu'à proposer l'ouverture du capital de sa plate-forme, Numilog, aux autres éditeurs. Chez Editis qui a annoncé en « Rien n'est figé, les éditeurs continuent à discuter et on réfléchit à un service interprofessionnel, même si c'est complexe au niveau technique et juridique », confie Alain Kouck.
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