À l'heure où, crise oblige, la plupart des grands groupes communiquent sur leurs profits plutôt que sur leur croissance, Air Liquide détonne. Le numéro un mondial des gaz industriels compte croître de 8 % à 10 % en moyenne par an entre 2011 et 2015, soit un bond de plus de 50 % d'ici cinq ans, contre une hausse attendue de 7 % à 8 % pour son marché, celui des gaz industriels. L'objectif est identique à celui fixé pour la période précédente, mais qui avait été écorné par la crise financière de 2008. Au total, la hausse moyenne des revenus n'a atteint que 5 % entre 2005 et 2010. « Les pays émergents représenteront un tiers de nos ventes en 2015, contre 16 % aujourd'hui. Ils concentreront 70 % de nos investissements », a indiqué le PDG du groupe Benoît Potier, en détaillant son plan stratégique à cinq ans, baptisé « Alma » comme le précédent.Mais d'objectif de hausse des profits, point. Les dirigeants se bornent à évoquer « une croissance soutenue à long terme du résultat net ». Indispensables à de nombreux processus de production, les gaz industriels bénéficient aussi de l'externalisation croissante de cette activité de la part des clients. « Nous comptons particulièrement sur la hausse de la demande d'acier [plus de 5 % par an] et sur celle de l'énergie : elle devrait dépasser les 100 millions de barils par jour en 2015, soit l'équivalent de la construction de 50 raffineries de la taille de celle de Yanbu, en Arabie saoudite [le plus gros contrat du groupe, signé pour 450 millions de dollars avec le pétrolier Aramco en septembre, Ndlr] », a détaillé Benoît Potier.Air Liquide prévoit d'investir 12 milliards d'euros sur cinq ans, dont 2 milliards pour réaliser des acquisitions « au fil de l'eau, mais plutôt dans la santé », ont précisé les dirigeants, qui placent de grands espoirs dans les soins à domicile (aide à la respiration...). De nouveaux métiers moins capitalistiques mais plus demandeurs en personnel, qui lui font viser 15.000 embauches nettes sur la période, en sus des 42.000 salariés actuels.Contrôle des coûtsLe groupe n'en maintient pas moins un strict contrôle de ses coûts : il prévoit 1 milliard d'économies en cinq ans, via la maîtrise des coûts logistique et d'énergie (400 millions), celle des achats (400 millions) et la gestion des frais internes (200 millions). Enfin, les dirigeants visent une amélioration de 1 point de la rentabilité des capitaux employés, entre 12 % et 13 %, grâce à une meilleure utilisation des sites existants (augmentation du nombre de clients, de produits...). Air Liquide dispose d'un portefeuille d'investissements (revenus futurs) de 4 milliards d'euros. En Bourse, la valeur favorite des actionnaires individuels est restée stable ce lundi, mais elle tutoie toujours son plus-haut historique de 96 euros atteint le 25 octobre dernier.

latribune.fr

14 Déc 2010, 11:44

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