Le musée des beaux-arts de Lyon sort de sa réserve

t modernepar Yasmine Youssi, à LyonPicasso, Dufy, Bonnard, Matisse, Chagall? Il faut parfois laisser les ?uvres d'art sortir de leur réserve. C'est ce qu'a décidé de faire le musée des Beaux-Arts de Lyon. Puisant au sein de ses collections, Sylvie Ramond, la directrice des lieux, a concocté une très belle exposition consacrée à l'art moderne, rassemblant près de 200 tableaux, sculptures, lithographies ou dessins réalisés entre 1901 et la fin des années 1960. Regroupés par artistes ou par mouvements, ils sont présentés dans un ordre chronologique. Dense, mais jamais étouffant, grâce à un accrochage d'une extraordinaire fluidité et à une scénographie tout en finesse.à hauteur d'hommeAinsi, les ?uvres ont-elles été placées à hauteur d'homme, au point d'aspirer les visiteurs. Philippe Maffre, le scénographe, a également joué sur les profondeurs, les éclairages et les effets de surprise. Au fil des salles, l'histoire de l'art moderne européen croise celle du musée tout en soulignant l'évolution de la politique d'acquisition des institutions françaises.Les modernes, donc. Lorsqu'ils font leur entrée, ils sont encore très influencés par leurs aînés comme le montre ce très beau « Nu aux bas rouges » de Picasso, réalisé en 1901, qui renvoie à Toulouse-Lautrec et Degas. Mais en ces années-là, c'est surtout Cézanne qui domine la scène et inspire à Dufy un nu massif. Quelques années plus tard, ce dernier tourne autour de la cage aux fauves ouverte par Matisse et Derain en 1905. Et signe une superbe marine figurant un yacht pavoisé à quai dont les reflets sur l'eau explosent de couleurs.La couleur est également l'une des préoccupations des avant-gardes russes. Larionov et Gontcharova bien sûr, qui empruntent leurs sujets aux traditions populaires de leur pays. Jawlensky, aussi. Lui l'expérimente dans un portrait, « Tête de femme ?Méduse? » (1923), comme sa compatriote Sonia Delaunay ? plus abstraite ? à laquelle il fait face, ici.Il y a quelque chose de fascinant dans les face-à-face proposés à l'occasion de cette exposition, comme dans les coups de zoom opérés sur certains artistes. Picasso est représenté par des vanités mortifères réalisées pendant la Seconde Guerre mondiale. Il y a aussi Matisse, qui a offert de nombreux dessins et livres au musée.30 tableauxCe sont ces dons, mais également des legs extraordinaires qui ont contribué à enrichir les collections du musée. À l'instar de celui opéré en 1998 par la comédienne Jacqueline Delubac. Soit un ensemble d'une trentaine de tableaux dont un Vuillard tout simplement éblouissant « Fleurs sur une cheminée aux Clayes » (1932-1933).C'est également l'actrice qui a légué un magistral Francis Bacon (« Étude pour une corrida, n° 2 », 1969) au musée. De quoi compléter une collection extrêmement pauvre en ?uvres anglo-saxonnes d'après-guerre tant les institutions françaises refusaient de croire que New York avait ravi le titre de capitale des arts à Paris. Et tandis que Bissière, Le Moal ou Manessier poursuivent l'exposition, on pense aux vibrations des Rothko, à la ronde folle de Pollock, au génie de Warhol? n « Picasso, Matisse, Dubuffet, Bacon? Les modernes s'exposent » Musée des Beaux-Arts de Lyon, jusqu'au 15 février. www.mba-lyon.fr
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