« La Petite Chambre », ode à la vie et à la mort

« La Petite Chambre », c'est l'histoire de deux êtres en souffrance, qui vont se rencontrer et s'épauler dans leur calvaire, pour enfin trouver l'apaisement. Edmond (Michel Bouquet) est un vieux monsieur dont la vie touche à sa fin. Farouchement indépendant, il refuse toute assistance, s'occupe de ses plantes vertes, est désagréable avec son fils. Au final, il s'est muré dans la solitude de la vieillesse, regardant le monde d'un oeil cynique et distancé. Rose (Florence Loiret-Caille) est l'infirmière à domicile qui s'occupe de ses soins journaliers. Emmurée elle aussi dans sa propre douleur, la perte d'un enfant mort-né, elle garde intacte « la petite chambre » remplie de l'espoir de la maternité. Au grand dam de son mari (Éric Caravaca, tout en finesse), avec qui elle refuse tout dialogue. Mais Edmond fait une mauvaise chute. Son fils décide de le mettre en maison de retraite. Rose va alors tout faire pour sortir le vieil homme de l'hôpital, quitte à le laisser entrer dans la chambre si bien gardée...Les réalisatrices et scénaristes, Stéphanie Chuat et Véronique Reymond, filment d'abord un face-à-face magnifique entre Michel Bouquet et Florence Loiret-Caille. Les deux acteurs sont simplement formidables. Elle, tout en rage retenue, évoque un désespoir muet et terrible. Michel Bouquet, quant à lui, s'est laissé filmer sans concession, interprétant un vieillard borné et fragile. Lors d'une scène très forte, Rose lave Edmond dans la salle de bain, et son corps porte les stigmates de la grande vieillesse. Émouvant, puissant et juste, l'acteur nous avait manqué au cinéma, depuis « le Promeneur du Champ-de-Mars » en 2005. Sa présence illumine l'écran de bout en bout. Le sujet peut paraître difficile et ardu, mais traité avec sensibilité, le récit ne tombe jamais dans le pathos. La fin de vie d'Edmond est envisagée comme un chemin vers l'apaisement et la réconciliation avec les autres. Touchant et drôle, le vieil homme parvient à émouvoir la jeune femme qui voit en lui une personne à secourir, au mépris de sa propre douleur, qu'elle finira par embrasser au terme de son cheminement personnel.Certes, le long-métrage a quelques faiblesses, notamment certains personnages secondaires un peu trop caricaturaux, mais ces petits défauts sont vite oubliés face à des scènes particulièrement belles. « La Petite Chambre » est un manifeste à la vie, à l'espoir, à l'acceptation de soi et des autres. Francine Guillou
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