Avec Genzyme, Sanofi lorgne le juteux marché des médicaments orphelins

Le jour où Sanofi-Aventis parviendra à racheter Genzyme, il mettra la main sur un spécialiste des maladies rares. Un marché qui a de quoi séduire une industrie pharmaceutique en mal de relais de croissance. « La hausse du marché va continuer au rythme de 8 % à 10 % par an jusqu'en 2015, contre moins de 2 % pour la pharmacie traditionnelle dans les pays développés », souligne le directeur de l'activité santé chez Alcimed, Vincent Genet.Estimé entre 17 et 18 milliards de dollars en 2008, le segment atteindra 30 milliards (22,2 milliards d'euros) d'ici à 2015. En France, il avoisine le milliard d'euros. À lui seul, Genzyme commercialise 5 des 61 médicaments orphelins de l'Hexagone, à égalité avec le suisse Novartis, et devant GSK et Orphan Europe, filiale de l'italien Recordati (4 chacun). Mais le marché recouvre des réalités très différentes. « Le médicament orphelin est un produit destiné au traitement de maladies rares [1 personne touchée sur 2.000] ou dont la commercialisation est susceptible d'être pénalisée par la faible rentabilité prévisible », détaille l'économiste Claude Le Pen, auteur d'une étude pour l'Association française contre les myopathies. Autrement dit, « un médicament orphelin peut s'adresser à une pathologie qui n'est pas rare ! » note un expert. Au risque de dérives.L'anticancéreux Glivec de Novartis, utilisé initialement dans le traitement de la leucémie, est le gros médicament orphelin en France, avec un chiffre d'affaires de 180 millions d'euros l'an dernier. « Les laboratoires tentent d'accéder au marché par une pathologie orpheline puis, une fois accepté un référentiel de prix élevé, étendent les indications », confirme Vincent Genet. Ils se retrouvent donc souvent en position de force pour négocier les prix avec les autorités. « L'américain Alexion a réussi à vendre un traitement contre les hémorragies nocturnes à 250.000 euros par an, avec l'argument qu'il n'existe pas de concurrent », indique Claude Allary chez Bionest. « De nombreux médicaments innovants, anticancéreux notamment, sont vendus très chers sans être orphelins ! » riposte Claude Le Pen.Autorisations accéléréesLa France a trouvé une parade : elle prive d'incitation fiscale tout médicament orphelin, qui dépasse 30 millions d'euros de ventes. L'impact réel est relatif mais fait de l'Hexagone l'un des pays où le sujet est le plus régulé. Au niveau mondial, compte tenu de la réduction des dépenses de santé « la propension des médicaments orphelins à obtenir des prix et des remboursements élevés va être remise en question », prévient Vincent Genet. Pas de quoi, cependant, détourner les laboratoires de ce segment. « Une fois réalisés les essais précliniques, un médicament orphelin est beaucoup moins cher à développer qu'un produit classique. Le nombre de patients testé est de 124 en moyenne pour une phase III [la dernière avant commercialisation] contre plusieurs milliers pour un médicament traditionnel », souligne un expert. Sans compter les procédures d'autorisation accélérées qui, si elles ne sont pas l'apanage des médicaments orphelins, sont utilisées dans un tiers des cas en France.
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