Les positions vendeuses d'euros battent des records

La roue monétaire tourne très vite. Il y a moins de trois mois, les acteurs du marché des changes vouaient le dollar aux gémonies. Aujourd'hui, l'objet de leur désamour n'est autre que l'euro sur lequel les pressions s'intensifient de jour en jour, dans l'attente d'un plan crédible de sauvetage de la Grèce au moment où se réunissent les ministres des Finances de la zone euro. La raison en est la crainte d'une contamination aux autres pays du « club Med », la menace que font peser ces derniers de la classe sur la construction monétaire elle-même et la pression qu'exercent les marchés sur les responsables de la zone pour qu'enfin naisse, d'un projet monétaire initial, une entité économique et politique.Au cours des deux dernières séances, la monnaie unique a enfoncé un seuil de résistance chartiste face au dollar particulièrement solide, à 1,3579, retombant même à la veille du week-end jusqu'à un nouveau plancher de neuf mois à 1,3530, avant de rebondir modestement. Mais si l'euro devait s'installer durablement en dessous de ce seuil, la porte à une chute encore plus conséquente s'ouvrirait. Car pour les analystes chartistes, il n'existe aucune résistance intermédiaire robuste avant 1,3040 dollar pour 1 euro, un niveau que l'on n'a pas revu depuis avril 2009. La chute peut aller vite, car les positions spéculatives à l'encontre de l'euro ne cessent de se gonfler. Alors qu'elles avaient déjà atteint un niveau historique, les positions courtes (vendeuses) nettes des fonds d'arbitrage s'élevaient à 57.152 le 9 février, contre 47.741 huit jours auparavant, selon les derniers chiffres diffusés lundi par la Commodity Futures Trading Commission (CFTC), le régulateur des marchés dérivés américain.Ce n'est pas un hasard si c'est dans ces conditions que les responsables monétaires d'Arabie Saoudite ont défendu dimanche le rôle de monnaie de référence du dollar, tout juste un an après le début de la croisade en vue de sa destitution menée par la Chine. Ce n'est pas non plus un hasard, si l'économiste le plus baissier sur le dollar de ces dernières années, soulève une question iconoclaste. Patrick Artus, le directeur de la recherche économique de Natixis, s'interroge très sérieusement : le couple euro-dollar « peut-il retourner à 0,85 comme en 2000-2001 ? Et d'admettre qu'à défaut de retomber si bas, beaucoup de facteurs vont dans le sens d'un affaiblissement de l'euro. « À l'horizon d'un an ou deux, on peut anticiper une nette appréciation du dollar », estime-t-il et ce pour trois raisons : les difficultés institutionnelles de la zone euro, le choix de l'ancrage au dollar par les pays de l'Opep et la Chine et la croissance potentielle plus forte aux États-Unis que dans la zone euro.
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