L'essence flambe, mais l'inflation reste sous contrôle

Non content d'avoir pulvérisé son record historique de juin 2008 ? 1,49 euro le litre ?, le super sans plomb 95 a récidivé lundi en dépassant le prix de 1,51 euro, selon la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC). Dans ce contexte, il paraît difficile de comprendre pourquoi l'inflation française ne décolle pas.Car tel est bien le cas. Selon l'Insee, les prix à la consommation ont augmenté de 1,7 % en février, en variation annuelle. Ils avaient progressé de 1,8 % en janvier. Soit des niveaux très raisonnables. L'inflation dite sous-jacente, qui exclut les prix de l'énergie et de l'alimentaire (les plus volatils), serait, elle, presque atone, avec une hausse de 0,4 % en février en variation annuelle, après 0,7 % en janvier.L'inflation de février doit beaucoup à la baisse des produits manufacturés, qui ont reculé de 0,9 % sous l'effet de soldes « tardifs » et de « rabais consentis plus importants », souligne l'Insee. Les plus fortes baisses ont ainsi concerné les vêtements et les chaussures (? 5,1 %). Les prix de l'alimentaire sont restés quasi stables (+ 0,3 % en un an). Ces mouvements ont donc masqué l'envolée des produits pétroliers (19,1 % en un an), celle du tabac (5,5 %), et la hausse saisonnière des prix des services (+ 1,6 %), en lien avec les vacances d'hiver. Marges compriméesAutre élément d'explication, l'industrie, bien que touchée par la hausse du pétrole, contient l'inflation, au besoin en comprimant ses marges. Ses coûts de production ont augmenté en janvier, de manière sensible (+ 0,9 % sur le mois, + 5,6 % en variation annuelle), pour le quatrième mois consécutif, selon l'Insee. Mais le faible dynamisme de la croissance « ne permet pas aux industriels de faire porter la hausse au B to B » - le commerce inter-entreprises -, explique Alexander Law, chez Xerfi. De plus, « l'utilisation des capacités de production reste 10 points sous sa moyenne de long terme », rappelle l'économiste, ce qui témoigne de la fragilité de la demande et éteint les risques inflationnistes. Du côté de l'alimentation cependant, l'atonie actuelle des prix à la consommation a vécu. Les négociations entre industriels et distributeurs ont abouti le 1er mars à un consensus sur une hausse globale de 2 %, destinée à compenser la hausse des matières premières agricoles. La valse des étiquettes dans les rayons devrait intervenir rapidement. Les ménages ne pourront certainement pas compter sur des revalorisations salariales d'ampleur pour les compenser, les tensions toujours vives sur le marché du travail ne s'y prêtant pas.
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