Carlos Ghosn protégé par l'Alliance Renault-Nissan

Même accompagné d'un mea culpa, le simple « j'y suis, j'y reste » de Carlos Ghosn, lundi soir, n'a nullement satisfait les pouvoirs publics. Sans réclamer précisément de têtes à ce stade, le gouvernement français ne veut nullement laisser sans suites le scandale de la prétendue affaire d'espionnage, qui ridiculise Renault dont l'État détient 15 % du capital. « Je trouve anormal qu'une immense entreprise comme celle-ci ait basculé dans un amateurisme et une affaire de bibi-fricotin et de barbouzes de troisième division », a martelé le porte-parole du gouvernement François Baroin, estimant que la décision du PDG de Renault de renoncer à ses bonus et stock-options était « la moindre des choses ». En 2009, Carlos Ghosn avait été effectivement le patron le mieux payé des entreprises du CAC 40. François Baroin a même ajouté : « On ne pourra pas laisser cela sans suite. »Un audit pour évaluer les responsabilités dans cette affaire de faux espions au sein de l'entreprise est en cours. Les conclusions sont attendues le 28 avril. La direction du constructeur est d'autant plus en ligne de mire que ses relations avec les pouvoirs publics ne sont pas au beau fixe. Le ministre de l'Industrie, Éric Besson, s'était montré furieux en janvier dernier d'avoir été tardivement averti de l'affaire. Début 2010, un article de « La Tribune » sur un projet de délocalisation de la future Clio avait provoqué la convocation de Carlos Ghosn à l'Élysée.Tandem improbableLe problème aujourd'hui, c'est que Carlos Ghosn reste protégé par son statut de PDG de Renault et... Nissan. Même si le gouvernement français parvenait à le débarquer de la présidence de Renault, son départ rendrait de facto difficile le fonctionnement de l'Alliance. Carlos Ghosn restant chez Nissan, celui-ci serait alors soumis de facto au nouveau patron de Renault puisque la firme au losange contrôle son allié nippon. Un tandem improbable. Car, l'équilibre de l'Alliance repose paradoxalement aujourd'hui sur des relations... d'ordre quasiment féodo-vassalique. Carlos Ghosn incarne en effet seul les deux entreprises au travers de sa double suzeraineté à laquelle ses barons font presque personnellement allégeance !D'un autre côté, le rôle du « chef » charismatique est tel chez Renault qu'une simple démission de son numéro deux, Patrick Pélata, serait vécue comme une injustice et ne suffirait pas à désarmer les passions. Telle est la rançon de l'extrême personnalisation du pouvoir instituée par Carlos Ghosn. Il n'y en a pratiquement pas d'autre exemple dans l'industrie automobile, sauf celui de Sergio Marchionne, chez Fiat.
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