Soudain, le Japon se rappelle au reste du monde

Le séisme de vendredi au Japon n'a pas fait que déplacer l'île de Honshu de 2,40 mètres, il a aussi recentré l'attention de la planète entière sur l'archipel. Accablé depuis vingt ans par une crise économique larvée, le pays avait presque disparu des radars, au profit, évidemment, de la Chine, devenue première puissance économique régionale et deuxième du monde. La catastrophe aurait fait, selon les dernières estimations, quelque 3.373 victimes, 6.746 disparus et plus d'un demi-million de déplacés. Mais il ne s'agit que d'un bilan provisoire, le violent séisme ayant probablement fait plus de 10.000 morts. Sur le plan économique, le coût de la catastrophe pourrait approcher 180 milliards de dollars (contre 100 milliards de dollars pour Kobe, en 1995). Mais au-delà de ces faits, ce sont également les liens étroits tissés depuis des années par l'industrie, la finance et le commerce nippons avec le reste du monde qui reviennent au premier plan. Car au danger d'une possible contamination nucléaire s'ajoute la menace d'une paralysie économique. Cette fois, l'onde de choc se propage par la production de composants électroniques - actuellement en panne - et par le commerce mondial, avec des ports à l'arrêt pour l'instant. En outre, Apple a décidé de retarder le lancement - emblématique - de son iPad2 au Japon. De même, l'onde de choc se transmet par la finance internationale, avec un vent de panique qui souffle sur les places boursières. Sans oublier le retrait probable d'investissements japonais en obligations américaines (représentant un montant total de quelque 886 milliards de dollars), en bons de pays émergents ou en actions européennes. Autant de maillons faibles, à l'origine de l'effondrement des places internationales. Pas étonnant, dans ces conditions, que le monde entier se précipite au chevet du Japon. Ainsi, vingt pays de l'Union européenne ont annoncé qu'ils participeraient à des efforts humanitaires. Quant au G20, actuellement présidé par la France, il a proposé une réunion des ministres de l'Économie et de l'Énergie pour discuter de l'impact du séisme sur l'économie mondiale. La France elle-même a inscrit à l'ordre du jour du conseil des ministres de mercredi «la situation au japon». En raison des risques de radiation, les États-Unis, de leur côté, ont décidé de redéployer les navires de guerre croisant au large des côtes nippones pour prêter main-forte aux secours japonais. De nombreux pays étrangers ont déconseillé les voyages au Japon et recommandé à leurs ressortissants expatriés à Tokyo de partir vers le sud de l'archipel ou à l'étranger. Reste le Philarmonique de Berlin qui, tel l'orchestre sur le pont du « Titanic », a décidé de jouer le 16 mars pour le Japon. Lysiane J. Baudu et Céline Jeancourt-Galig
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