Temps de crise

Il n'a pas fallu deux ans aux cinéastes et aux écrivains pour s'emparer de la crise. Après « Cleveland contre Wall Street » de Jean-Stéphane Bron, « Krach » de Fabrice Genestal, tout le monde attend le « Wall Street 2 » d'Oliver Stone (le 29 septembre). Du côté de la littérature, plusieurs auteurs placent le monde de la finance dans leur viseur. Parmi eux, l'Américain Teddy Wayne avec « Kapitoil », très remarqué outre-Atlantique. Et Fabrice Humbert, l'auteur acclamé de « l'Origine de la violence », qui signe aujourd'hui « la Fortune de Sila ». Deux oeuvres inégales, mais d'une ambition folle et d'une composition diablement originale.Choc des civilisations« Kapitoil » s'ouvre à la veille du nouveau millénaire, quand les grosses entreprises craignaient d'être terrassées par le bug de l'an 2000. Karim, informaticien qatarien, atterrit au sein d'une société financière de Manhattan. Il y découvre un quotidien et des coutumes totalement étrangers aux siens, qu'il raconte à son enregistreur numérique. La mise au point d'un programme capable de prédire les cours du pétrole lui permet de goûter au rêve américain. Choc des civilisations, spéculation effrénée, absence d'éthique sont au programme de cette fable parfois trop manichéenne qui tient des « Lettres persanes ». On en retient surtout le personnage de Karim, tête à claque et émouvant, dont Wayne fait l'archétype du « nerd » de la finance venu des mathématiques.Dans « la Fortune de Sila », tout commence dans un restaurant parisien en 1995. Un Américain y passe à tabac un serveur africain sous le regard de sa femme, d'un couple d'oligarques, de deux jeunes financiers français. L'auteur construit ensuite une ronde autour de ces personnages pour parler de la mondialisation, de la spéculation, de la crise des subprimes, de la Russie depuis la chute du mur. Humbert prend ainsi le monde à bras-le-corps. C'est souvent passionnant, mais aussi parfois attendu dans l'évolution des personnages. Y. Y. « Kapitoil », Teddy Wayne, éditions Liana Lévi, 368 pages, 20 euros.« La Fortune de Sila », Fabrice Humbert, éditions Le Passage, 320 pages, 18 euros.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.