Elle est éloignée des grands axes de transport, notamment ferroviaires, mais dotée d'un réseau routier de qualité et gratuit : en Bretagne, où l'éparpillement de l'activité économique participe aussi de l'absence de massification du transport de marchandises, la route a fortement concurrencé le fer.
Avec 1,2 million de tonnes transportées par an, soit une part modale de 1,4% (9% en moyenne nationale) pour 2.000 circulations en moyenne par an, le trafic ferroviaire de marchandises reste très modeste face au transport routier et peu diversifié. Sur 1.200 kilomètres de lignes exploitées, seuls soixante-dix-sept kilomètres de voies sont dédiées au fret. Ces flux concernent à 82% l'acheminement de la Région Centre-Val de Loire de céréales pour l'alimentation animale.
D'ici à 2050, la donne pourrait évoluer. Pour répondre à l'enjeu de décarbonation et de planification écologique, la Région Bretagne s'attaque de manière plus volontariste au dossier du fret ferroviaire, a-t-elle annoncé le 29 avril. Objectif : multiplier le trafic par six et atteindre 6% de report modal dès 2040.
64 millions d'euros d'investissements ciblés
Afin de s'inscrire dans la stratégie nationale qui espère doubler la part du fret ferroviaire à 18%, en 2030, et à 25% en 2050, la collectivité bretonne envisage un plan d'investissement de 64 millions d'euros sur les trois prochaines années, financé dans le cadre du volet « mobilités » du Contrat de Plan État-Région 2023-2027.
Baptisée « Faire fer », cette trajectoire est le fruit d'une étude stratégique menée conjointement par l'État, la Région, SNCF Réseau et les acteurs de la filière en 2023, afin « de dresser un diagnostic et identifier un potentiel. »
« Ce travail sert de base à l'élaboration, en cours, d'une feuille de route régionale sur la mobilité des biens et des marchandises » a précisé Michaël Quernez, premier vice-président de la Région Bretagne au climat et aux mobilités lors de la présentation de l'étude sur un site du groupe coopératif Le Gouessant.
Située entre Loudéac et Pontivy (Morbihan), cette usine de nutrition animale (porcs, volailles et ruminants) réceptionne via le train 100.000 tonnes de céréales par an. Elle est raccordée à la desserte Auray-Saint Gérand, une ligne qui, avec celle de Vitré-Gérard, sera remise en état pour 40 millions d'euros.
Premiers chantiers en 2024
Le développement de l'alternative bretonne à la route mise précisément sur des investissements ciblés, régionaux et extra régionaux, portant sur le trafic longue distance mais aussi sur le marché intrarégional.
A terme, cette trajectoire permettrait à la région « de maintenir les flux existants et préparer des conditions du rebond durant la période 2023-2027, dynamiser les trafics ferroviaires existants et potentiels entre 2028-2040, puis développer des trafics pour de nouvelles filières ».
Sur le plan pratique, l'État, la Région et SNCF Réseau vont dès cette année engager des travaux pour développer les infrastructures à potentiel, notamment pour le transport par train des matières premières agricoles.
La poursuite des aménagements du Chantier de Transport Combiné (CTC) de Rennes, en développement grâce à la nouvelle ligne ouverte en 2023 vers Lille est initiée par Lahaye Global Logistics est évaluée à 15 millions d'euros. Pour six millions d'euros, il est aussi prévu de recréer l'offre mer + fer, en réhabilitant des voies ferrées portuaires à Brest et Lorient.
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