Sanofi prend un nouvel élan avec Genzyme

Il était temps. En annonçant, ce mercredi, le rachat de Genzyme pour un peu plus de 20 milliards de dollars, Sanofi met fin à un marathon qui aura duré plus de sept mois. La plus grosse opération du laboratoire tricolore depuis sa fusion avec Aventis en 2004 est aussi le symbole des mutations impulsées par Chris Viehbacher, le directeur général arrivé il y a deux ans pour relancer le groupe.C'est que Sanofi a grand besoin de sa cible. Comme ses concurrents, le laboratoire entre de plain-pied cette année dans la période critique d'expiration des brevets de ses principaux « block-busters », qui menace jusqu'à 30 % de son chiffre d'affaires. Un recul de 5 à 10 % du bénéfice net est prévu cette année avant acquisition de la biotech du bouillonnant Henri Termeer. Avec Genzyme, les perspectives de Sanofi s'éclairent. D'abord, le français met la main sur un groupe de 4 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2010, spécialiste des biotechnologies, ces médicaments fabriqués à partir du vivant. Un domaine où le français accuse un retard notoire.Transition en douceur« Nous avons raté le train des protéines et des anticorps monoclonaux [traitements contre les cancers, Ndlr] », a confirmé mercredi Chris Viehbacher. La biotech de Cambridge (Massachusetts) est numéro un mondial des médicaments orphelins (plus de 1,6 milliard de revenus en 2010), un marché en forte croissance, avec le Cerezyme (maladie de Gaucher) ou le Fabrazyme (maladie de Fabry). Genzyme réalise aussi 1 milliard de ventes dans les maladies rénales (Renagel) sans oublier des anticancéreux et des traitements de biochirurgie (arthrose). Genzyme apporte également à Sanofi un portefeuille de produits en développement. Le groupe compte commercialiser trois médicaments d'ici à fin 2013, dont le Lemtrada contre la sclérose en plaques, dont les ventes pourraient totaliser plusieurs centaines de millions de dollars.Mais Chris Viehbacher a rappelé que Genzyme présente aussi « des fragilités ». D'ailleurs, le montant des synergies, évalué à plus de 600 millions de dollars, demande à être « affiné », ont précisé les dirigeants qui n'ont accès que depuis deux semaines au détail des comptes. Les problèmes de production qu'a connus Genzyme depuis deux ans ont amené Sanofi à lier son complément de prix à un retour à la normale (lire ci-contre). Chris Viehbacher devra aussi se familiariser avec son modèle de fabrication et de distribution de médicaments de niche, bien différent des activités du labo tricolore. Sans oublier que les pertes de brevets menacent certains produits de Genzyme, comme le Renagel à partir de 2014.En dépit des différends qui ont opposé les deux patrons, la transition semble devoir se faire en douceur. Henri Termeer « gardera un rôle de conseil » en qualité de coprésident du comité de pilotage d'intégration. Chris Viehbacher compte aussi conserver la marque Genzyme et projette « d'étendre les gammes [de la biotech] et de lui donner une taille critique ». Une division dédiée à la biotech pourrait être créée au sein de Sanofi, ce qui inquiète les syndicats, soucieux des conséquences sur l'emploi. Car Genzyme a beau être dix fois plus petit que Sanofi, le groupe compte plus de 10.000 salariés dans le monde. Le mariage devrait aussi bouleverser les effectifs. « On ne peut pas attendre de synergies sans impact sur le nombre de postes », a clairement indiqué Chris Viehbacher. Le rachat de Genzyme devrait être l'occasion de remanier encore davantage l'organisation du laboratoire.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.