Les fonds alternatifs Ucits ne sont qu'une offre complémentaire aux hedge funds

Si le débat sur la régulation des hedge funds passionne des deux côtés de l'Atlantique, il est un autre sujet qui anime cette industrie depuis quelques mois. Il s'agit de « l'opposition » entre hedge funds et les hedge funds conformes aux normes européennes Ucits 3, aussi appelés « newcits ». Comme le rappelle Fabrice Cuchet, responsable de la gestion alternative chez Dexia AM, « ce mouvement n'est pas nouveau puisque nous proposons ce type de fonds depuis 1996 ». Ces produits connaissent une progression rapide. Nara Capital, société spécialisée sur les hedge funds Ucits, recense aujourd'hui plus de 450 fonds de ce type pour 72 milliards d'euros d'encours à fin avril. C'est encore très loin des 1.667 milliards de dollars d'actifs sous gestion et des 9.059 hedge funds et fonds de hedge funds, mais les professionnels estiment que les hedge funds Ucits sont promis à un bel avenir. Tout d'abord, un certain nombre de gérants utilisent cette enveloppe pour répondre à une demande de meilleure sécurité opérationnelle de l'investissement dans les hedge funds. Ensuite, « parce qu'aujourd'hui le cadre Ucits est le seul outil juridique permettant d'assurer une distribution paneuropéenne auprès des particuliers, indique Noël Amenc, directeur de l'Edhec-Risk Institute. Par ailleurs, cela permet à de nombreux institutionnels d'investir sans restriction dans la gestion alternative ».minimum de liquidit髠Mais attention aux amalgames, prévient Fabrice Cuchet. Les ?newscits? n'ont pas vocation à remplacer ou répliquer les hedge funds. » Le spécialiste insiste sur le fait que ce ne sont pas des fonds miracles délivrant les mêmes performances que les hedge funds avec plus de liquidité et moins de risque. « Ces produits, comme les plates-formes de comptes gérés, ne créent pas la liquidité qui est fonction de celle des sous-jacents et du calibrage des stratégies mises en oeuvre », précise t-il. Toutes les stratégies ne sont donc pas transposables en Ucits 3. Cette réglementation n'autorise pas les futures sur les matières premières, les « gates » (limiter les rachats), et impose aux fonds un minimum de liquidité [mensuelle pour les Ucits 3 de droit français, Ndlr]. Par conséquent, si les stratégies les plus liquides, comme le long-short equity ou les fonds de futures, sont transposables, ce n'est pas le cas de certaines stratégies de crédit (distressed debt) et d'arbitrage. L'enveloppe Ucits 3 a donc des limites qui pèsent sur la performance, car la liquidité a un coût. L'industrie estime que le niveau moyen de performance des « newcits » serait inférieur de l'ordre de 3 % à celles des hedge funds.Une segmentation du marché, en fonction du profil des investisseurs est en train de s'opérer. D'un côté, les hedge funds et fonds de hedge funds offshore moins liquides, plus risqués mais plus performants. De l'autre, une offre plus liquide représentée par les fonds Ucits 3. « Les investisseurs vont devoir s'habituer à passer d'une vision d'un monde en deux dimensions (rendement/risque) à trois dimensions (rendement/risque/liquidité) », déclare Fabrice Cuchet.Comme pour tout produit, la réussite des « newcits » dépendra de leur performance. Mais aussi de la discipline des gérants en matière de commercialisation et d'adéquation entre liquidité offerte aux investisseurs et celle des portefeuilles. Sans oublier que l'enveloppe Ucits n'est pas synonyme de sécurité totale pour les épargnants. Les fonds luxembourgeois de la fraude Madoff en Europe étaient des fonds Ucits. « L'Ucitisation des hedge funds aura donc certainement une influence sur la future réglementation européenne sur les rôles et responsabilités du dépositaire », conclut Noël Amenc.
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