La Banque centrale indienne sort la grosse artillerie contre l'inflation

Alors que les économistes s'attendent à une décélération de la croissance mondiale l'an prochain, l'Inde semble ignorer l'alerte. La banque centrale du pays, Reserve Bank of India (RBI), a sorti pour la cinquième fois depuis mars l'artillerie lourde pour juguler l'inflation qui ronge l'économie depuis des mois et menace de jeter des grandes masses d'Indiens pauvres dans la rue. Le taux de refinancement a été augmenté de 25 points de base (PDB) à 6 % et celui des ventes à réméré, auquel la RBI absorbe l'excédent de liquidité du système bancaire, de 50 PDB à 5 %. « En janvier, le niveau de l'inflation avait atteint la cote d'alerte, les prix à la consommation ayant progressé de 16 % », rappelle Edgardo Torija-Zane, économiste chez Natixis, ajoutant qu'en juillet il ne se situait plus qu'à 11,25 %. Les prix de gros sont eux aussi sur une pente descendante. Ils progressaient de 11 % en avril, de 9,8 % en juillet et de 8,5 % en août. Entre temps, il est vrai, Delhi a mis en service un nouvel indice des prix de gros qui complique les comparaisons. Mais le nouvel indice des prix de gros reflète mieux les nouveaux modes de consommation en intégrant les ordinateurs, les réfrigérateurs, les fours à micro-ondes, les téléviseurs par exemple, et en éliminant les machines à écrire, les enregistreurs de cassettes video... Au total les biens manufacturés et les carburants pèsent davantage et les biens primaires un peu moins.Pib en hausse de 8,8 %Confiantes dans l'assagissement de l'inflation, les autorités du pays n'ont pas davantage d'inquiétudes quant à la croissance. Après une hausse du PIB de 8,8 % au trimestre dernier par rapport à la même période l'an passé, le taux le plus dynamique après la Chine et le Brésil, elles estiment soutenable un taux de croissance de 9 % à l'avenir. «  La compétitivité indienne s'est accrue de 4 % cette année », explique Edgardo-Zane, et ce dans un contexte d'assainissement progressif du déficit budgétaire indien. Lors de son passage au Cepii, un centre de recherche français, « Saumitra Chaudhuri, conseiller du premier ministre indien, a souligné que l'activité des services et de l'industrie croit plutôt au rythme de 11 % l'an, mais que l'agriculture souffre encore d'un manque de compétitivité », rapporte l'économiste. L'horizon économique indien n'est pas pour autant exempt de tout nuage. Les taux d'intérêt réels restent négatifs et cette situation entretient le risque de bulles. Les inquiétudes des autorités portent sur la forte hausse de la Bourse mais aussi de l'immobilier.
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