exposition

Au fond, qu'est-ce qu'un festival de photo réussi?? Probablement un savant équilibre entre photos anciennes, modernes et contemporaines, documentaires et plasticiennes, signées de grands noms, de photographes confirmés ou à découvrir dont l'oeuvre met en perspective passé, présent et avenir.La 13e édition de PhotoEspaña, articulée autour de la thématique du temps, combine avec maestria tous ces éléments. Et rappelle de nouveau que le festival madrilène est une étape annuelle désormais incontournable au même titre que les Rencontres d'Arles, pour qui aime la photo.Pour cette fois, les organisateurs ont concocté près de 70 expositions, disséminées aux quatre coins de la ville, dans des lieux parfois extraordinaires comme ce château d'eau en brique rose de style néo-mudéjar où sont présentées les photos d'Isabel Muñoz réalisées à l'occasion de cérémonies spirituelles en Syrie, en Iran, en Irak et en Turquie. Toutes dépassent le cadre du documentaire pour donner à voir l'extase mêlée de douleur émanant des corps en transe.Il y en a vraiment pour tous les goûts à PhotoEspaña. À commencer par les grands noms du médium comme László Moholy-Nagy (1895-1946) - le chef de file du Bauhaus pour ce qui est de la photo -, à l'humaniste américaine Helen Levitt (1913-2009) dont l'objectif transforme la rue new-yorkaise en scène de théâtre. Même les photographes à la mode ont droit de cité. Tel Juergen Teller dont le travail se révèle d'une laideur et d'une banalité à pleurer. Prisé par la sphère « fashion », notre homme est persuadé qu'il lui suffit de montrer son orifice anal dans une cabriole effectuée sur un piano à queue pour faire oeuvre. Mais ce que l'on retient surtout de PhotoEspaña, ce sont les découvertes qu'on y fait. Et pas seulement d'artistes contemporains. Il y a par exemple Harold Edgerton (1903-1990), docteur du MIT qui sut inventer un appareil à même de décomposer le mouvement. Et d'immortaliser une pomme au moment où elle est traversée par une balle. Ou une vitre à l'instant où elle se brise en mille morceaux. Ses photos sont sublimes, et elles laissent sans voix.Le festival tourne aussi son regard vers l'Amérique du Sud et nous offre un cadeau magnifique en nous présentant le travail en noir et blanc d'Adriana Lestido. Mères adolescentes, mères en prison..., la photographe a su rendre visible ce lien si particulier qui unit les mamans à leurs enfants sans jamais sombrer dans la mièvrerie ou les bons sentiments. Parce que c'est ça aussi la photographie. Cette capacité à donner à voir l'invisible.Yasmine Youssi, à Madrid
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