Amour, violence et manipulation

Amour, vengeance et crime dans une multinationale. « Crime d'amour », le dernier film d'Alain Corneau, est un petit chef-d'oeuvre de construction cinématographique. Le réalisateur nous offre un cheminement labyrinthique de premier ordre. Christine (Kristin Scott Thomas) règne sur la filiale française d'une entreprise américaine. Elle a sous ses ordres Isabelle (Ludivine Sagnier), une jeune cadre ambitieuse et très douée. Christine est égoïste, manipulatrice, faisant d'Isabelle « sa » chose. Cette dernière, malheureuse dans l'existence, voit Christine comme un modèle, une sorte d'initiatrice qui va tout lui apprendre. Elle se laisse donc faire. Jusqu'au jour où elle prend une initiative professionnelle qui plaît beaucoup aux dirigeants américains mais qui, en revanche, déplaît énormément à Christine, habituée à être seule aux commandes. Dès lors, Christine humilie régulièrement la jeune Isabelle. Celle-ci, au bord de la dépression mentale, finit par commettre l'inimaginable en assassinant Christine.Bien entendu, pas question de raconter la suite de ce thriller haletant. Sans prendre le risque de dévoiler l'intrigue, on peut tout de même dire qu'avec « Crime d'amour », Alain Corneau adresse un clin d'oeil appuyé à Fritz Lang - plus précisément aux films noirs de sa période « américaine ». Corneau n'a rien laissé au hasard, c'est avec une minutie extraordinaire qu'il filme la préparation du crime par Isabelle. Crime qui se veut parfait (mais comme chez Fritz Lang, il y a à la fin un petit détail qui coince), d'où ce pointillisme. À tel point que, de prime abord, le spectateur ne comprend pas l'intérêt de telle ou telle scène. Plus tard, en revanche... Alain Corneau a aussi parfaitement su porter à l'écran, l'univers froid, faux et hypocrite des cadres dirigeants de multinationales.En revanche, petite déception dans le jeu des acteurs. Kristin Scott Thomas et Ludivine Sagnier ont pourtant fait leurs preuves, surtout la première. Mais, là, quelque chose ne colle pas dans leur ton, un côté trop détaché peut-être...Jean-Christophe Chanut
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