« Au-delà » de la mort, il y a la vie

Il a longtemps ausculté les vivants. Parfois même les plus grands, comme Charlie Parker (« Bird ») ou Mandela (« Invictus »). Touché à tous les genres du septième art, du road-movie (« Un monde parfait ») au film noir (« Mystic River »), de la comédie (« Space Cowboys ») au film d'aventure (« Chasseur blanc, coeur noir »), sans oublier le film de guerre (« Mémoires de nos pères »). Parti sur sa lancée, Clint Eastwood, 80 printemps cette année, relève un nouveau défi : réfléchir avec « Au-delà » à ce qui se passe après la vie. Et il profite de l'occasion pour s'essayer à des effets spéciaux ébouriffants, façon Roland Emmerich (« 2012 »). Le réalisateur réussit au final un film en demi-teinte mais néanmoins étonnant, qui sombre parfois dans le sentimentalisme tout en évitant la facilité du fantastique ou de tomber dans les filets de la religion.C'est que notre homme a su, cette fois encore, bien s'entourer. En se choisissant notamment un producteur hors pair, Steven Spielberg, et un scénariste de premier choix, l'excellent Peter Morgan auteur du « Dernier Roi d'Écosse » ou de « The Queen ». Il revient à ce dernier d'avoir imaginé cette histoire mettant en scène un médium (Matt Damon) de San Francisco, une journaliste parisienne (Cécile de France) et un petit garçon britannique (George McLaren). Le premier a le don de communiquer avec les morts, ce qu'il vit comme une malédiction le coupant des vivants. La deuxième a survécu au tsunami, revenant in extremis de l'au-delà. Le troisième a perdu son jumeau, ce à quoi il a du mal à survivre. Eastwood réussit ici encore des scènes magistrales. À commencer par la scène d'ouverture, toute en effets spéciaux pour donner à voir le tsunami. Jamais la catastrophe naturelle n'a été rendue de manière aussi saisissante, donnant aux spectateurs l'impression de vivre littéralement l'événement. Mais le réalisateur est meilleur encore dans les scènes les plus intimes. Les plus poignantes, comme lorsque cette mère vient frapper à la porte du médium pour le supplier de l'aider à entrer en contact avec son enfant décédé.Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il est beaucoup plus ici question de la manière dont on appréhende la mort que de la mort elle-même. Avec sa sobriété légendaire, Eastwood garde les pieds sur terre, ne s'amuse pas à imaginer ce que devient une personne après son décès, pas plus qu'il n'invoque Dieu, donnant au contraire une image détestable du prêtre qui enterre le petit frère de Marcus ou des charlatans qui font un commerce du dialogue avec les morts. On regrette alors qu'il ait senti le besoin d'accompagner son propos d'une musique sirupeuse appuyée qui contredit le propos. Mais nul ne doute qu'il se rattrapera sur son prochain film, auquel il s'est déjà attelé. L'histoire de J. Edgar Hoover. Une oeuvre politique cette fois.Yasmine You
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