Le secret du vernis des Stradivarius dévoilé par le synchrotron

Sur les paillasses des chercheurs, le débat recherche fondamentale/recherche appliquée est souvent dépassé. Pour preuve, l'utilisation, récemment, du synchrotron Soleil, l'un des grands équipements de la recherche française, pour percer le secret des Stradivarius. Cet accélérateur de particules de troisième génération de 31,400 m2, fleuron technologique du plateau de Saclay ? près de Paris ?, dont le budget total 2002-2009 s'est élevé à 454 millions d'euros, a été utilisé pour scruter à l'infrarouge l'équivalent d'une tête d'épingle du vernis des célèbres violons. Objectif : connaître la structure de ce revêtement auquel, depuis près de trois siècles, tous ceux qui se sont penchés sur les violons d'Antonio Stradivari, le célèbre luthier de Crémone, attribuaient leur sonorité exceptionnelle. « La Cité de la Musique, porteuse du projet, bloquait sur les constituants des couches de vernis. Le synchrotron a permis d'utiliser à la fois une très haute sensibilité et une très haute résolution, ce qui n'est pas possible avec un microscope infrarouge », explique Loïc Bertrand, chercheur au synchrotron Soleil. Résultat : point de « formulation » secrète ! Le vernis, proche de ceux utilisés en peinture, n'a rien de mystérieux, et ses pigments n'avaient qu'un objectif esthétique.8 h d'analyses en 2 secondesPour autant, faire appel au synchrotron Soleil pour de telles expériences (qui ont nécessité quelques jours d'utilisation d'un faisceau à raison de 500 euros de l'heure) n'a rien d'un caprice de chercheur. « Tout le monde focalise sur le son, mais ces violons sont aussi des objets d'art. Il s'agit donc aussi de comprendre l'évolution des arts et des différentes techniques de lutherie », estime Loïc Bertrand, qui rappelle que deux secondes d'utilisation du synchrotron équivalent à huit heures d'analyses en laboratoire.De quoi intéresser d'autres domaines. Loïc Bertrand met en place, au synchrotron Soleil, une plate-forme pluridisciplinaire européenne de recherche en matériaux anciens (archéologie, paléontologie, sciences de la conservation, paléoenvironnement). Ipanema associe le Muséum d'histoire naturelle, le Louvre, le ministère de la Culture, le CNRS, le CEA et l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Un parfait compromis entre recherche fondamentale et recherche appliquée. Clarisse Jay
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