Affaire Bettencourt  : la justice au pied du mur

Un mois après la révélation des enregistrements du majordome de l'héritière de L'Oréalcute;al, l'affaire Bettencourt se déplace sur le terrain judiciaire. Après la fin, vendredi soir, de la garde à vue de 36 heures de quatre proches de Liliane Bettencourt, dont Patrice de Maistre, son gestionnaire de fortune, la pression est de plus en plus forte sur le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, pour qu'il ouvre une information judiciaire et ne se contente plus de diligenter des enquêtes préliminaires sous son seul contrôle. Dimanche, dans « Le Parisien », Me Antoine Gillot, l'avocat de l'ex-comptable et de l'ancien majordome de Liliane Bettencourt, a demandé solennellement à Michèle Alliot-Marie, la garde des Sceaux, d'intervenir pour « mettre fin à ce déni de justice ». Me Gillot s'étonne aussi que Liliane Bettencort n'ait pas encore été mise en garde à vue pour être entendue par la police. Après l'ancienne juge anti-corruption, Éva Joly, aujourd'hui eurodéputée écologiste qui a mis en cause, vendredi, Philippe Courroye, plusieurs personnalités de gauche comme Arnaud Montebourg ou l'ancienne garde des Sceaux Elisabeth Guigou viennent de signer avec des magistrats un appel « pour une justice indépendante et impartiale » lancé par le site Mediapart. parole contre parolePhilippe Courroye, qui ne semble pas vouloir lâcher le dossier, devrait cependant entendre rapidement Éric Woerth et sa femme, une fois recueilli l'accord du Conseil des ministres pour le ministre du Travail. Celui-ci et son épouse ont demandé depuis plusieurs jours à être entendus sur les conditions d'embauche de Florence Woerth par la société de Patrice de Maistre. Lors de sa garde à vue, vendredi, le gestionnaire de fortune aurait confirmé, selon « Le Monde », qu'Éric Woerth, alors au Budget, lui a bien demandé de recevoir sa femme en 2007, comme les enregistrements du majordome l'avaient déjà révélé. Dimanche, en visite sur le Tour de France, Éric Woerth a estimé que les propos de Patrice de Maistre n'apportait « aucune information nouvelle ». Que peut-on donc attendre désormais d'une audition du ministre ? En l'absence d'éléments matériels, ce sera parole contre parole, et le procureur pourrait estimer qu'aucun « trafic d'influence » de la part d'Éric Woerth n'est caractérisé. Philippe Courroye devrait donc classer sans suite cette partie de son enquête préliminaire. De même, il apparaît de plus en plus probable qu'un classement sans suite interviendra concernant un éventuel « financement illicite de campagne électorale et de parti politique ». Une enquête préliminaire avait été ouverte le 7 juillet par le procureur de Nanterre à la suite des propos de l'ex-comptable concernant la remise d'espèces, en particulier à Nicolas Sarkozy. Mais la comptable a infirmé depuis une partie de ses propos. Les éventuelles infractions seraient d'ailleurs prescrites.
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