Grandes manoeuvres dans l'assurance britannique

Le feuilleton Aviva-RSA est loin d'être clos. Le 28 juillet, l'assureur britannique RSA Insurance Group propose de racheter à son compatriote et rival Aviva ses activités d'assurance-dommage au Royaume-Uni, en Irlande et au Canada pour 5 milliards de livres (6 milliards d'euros). Il faut près de dix jours au conseil d'administration d'Aviva pour juger inacceptable cette offre, estimant qu'elle ne créait pas suffisamment de valeur pour ses actionnaires.Mais tout le monde n'est pas de cet avis. Certains actionnaires d'Aviva n'ont pas confiance en sa capacité de gérer ses orientations stratégiques, comme de conserver dans le groupe deux branches d'activité, l'assurance-vie et non vie. « Cette stratégie n'est pas vraiment porteuse en Grande-Bretagne», souligne Cyrille Chartier-Kastler, fondateur de Facts&Figures, cabinet de conseil spécialisé en assurance. L'offensive de RSA, qui pourrait revenir à l'attaque, met ainsi le doigt sur certaines défaillances d'Aviva, notamment en sur- effectif dans ses activités dommages. Une alliance avec RSA, son rival depuis plus de trois cents ans, permettrait de constituer le premier assureur en non-vie outre-Manche et de générer des économies sustantielles en systèmes d'information. Cyrille Chartier-Kastler estime d'ailleurs qu'Aviva, recentré sur l'assurance vie, « pourrait y conforter ses positions en rachetant des activités issues de Lloyds Banking Group, qui pourrait s'en séparer dans la cadre de la restructuration exigée par l'Etat, ou nouer de nouveaux partenariats de bancassurance-vie. Incertitude réglementaireParmi les grandes manoeuvres également évoquées, le suisse Zurich Financial Services serait intéressé par le britannique Legal&General. Axa, de son côté, serait, selon des « rumeurs de marché » rapportées par Reuters, lui aussi tenté de faire une offre sur Aviva. Des rumeurs à prendre avec réserve, puisque Axa est en train de se délester de l'essentiel de ses activités d'assurance- vie, épargne retraite qu'elle vient de céder pour 3,3 milliards d'euros à Resolution, basé à Guernesey. Cet assureur, qui avait acquis en novembre 2009 le britannique Friends Provident, ambitionne de participer à la restructuration du secteur de l'assurance-vie au Royaume-Uni dans le cadre de son projet « UK Life Project ». Et ce, dans une perspective purement financière puisque Resolution entend revendre ce portefeuille d'ici trois à quatre ans après l'avoir restructuré. Pour l'heure, il existe une très grande incertitude réglementaire sur l'intermédiation en assurance-vie outre-Manche : en 2012, les rétrocessions aux conseillers en gestion de patrimoine (les IFA) pourraient notamment être interdites. De plus, la distribution repose en quasi-totalité sur des intermédiaires indépendants lesquels voient leurs marges de plus en plus rognées du fait de la concurrence et de l'émergence des comparateurs de prix en assurance dommages (ils représentent aujourd'hui 50 % du marché). Du coup, le meilleur-relais de croissance semble provenir de l'étranger. C'est la raison pour laquelle l'assureur Prudential a décidé de se tourner vers l'Asie et tenté vainement de racheter AIA, la branche asiatique d'AIG. Concentré pour l'instant sur sa croissance organique, il cherche un nouvel élan dans la région.
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