Le bloc-notes de Stéphane Soumier

STRONG>Étincelle« L'Élysée a joué avec le feu ! ». C'est le cri du coeur de ceux qui gèrent en ce moment le dossier des raffineries Total. Trois sources différentes qui racontent toutes la même histoire, celle d'un coup de fil, reçu en fin d'après-midi par Christophe de Marjorie. Nous sommes samedi 30 janvier, l'annonce de la fermeture de la raffinerie des Flandres doit se faire le lundi suivant. Le ministre de l'Industrie, les autorités régionales ont donné leur accord tacite. Mais ce jour-là, l'Élysée a décidé de dire non. Comme ça ! Comme un oukase ! « Attendez les régionales », voilà le message. Comment penser qu'après cela les événements pourraient se gérer tranquillement ? On connaît les contraintes d'un plan social. On sait surtout qu'il n'y a rien de pire que l'incertitude. Et c'est bien ça que ce coup de fil a remis sur la table, l'incertitude, qui gagne le corps social comme une gangrène. À l'heure où j'écris, toutes les raffineries de Total étaient bloquées, parce qu'un samedi matin le président de la République (ou Claude Guéant, je n'ai pas de certitude là-dessus) avait décidé de jouer avec le feu Chéri, j'avais oublié les clients !90 %! Qu'est-ce que vous voulez faire contre 90 % ? C'est le patron de la banque de détail de la Société Généralecute; Générale qui me lâche le chiffre avec un sourire courtois : « 90 % des entreprises sont satisfaites des relations qu'elles ont avec leur banquier, on est sur une hausse de 4 points en à peine deux mois, et j'ajoute, dit-il, que c'est un sondage de la CGPME qui ne nous porte pas dans son coeur ». « Il a raison », commente justement Jean-François Roubaud, le patron du syndicat des PME, « je sens moi aussi qu'il se passe quelque chose, je vais même être précis : depuis deux-trois mois, je pense que les banques comprennent qu'elles ont un rôle particulier à jouer ». En fait, elles n'ont pas le choix ! Et le révélateur de la semaine c'était le discours de la Société Généralecute; Générale. Il y a longtemps... (trois ans à peine, je vous rassure...), Daniel Bouton pouvait tranquillement dire à quelques petits patrons rassemblés par le mouvement Ethic : « Pourquoi voulez-vous que je perde mon temps avec vous, puisque je gagne sur les marchés tout l'argent dont j'ai besoin ? » L'époque est révolue. Frédéric Oudéa me disait jeudi matin : « Une banque, ce sont d'abord des clients, j'ai l'obsession des clients, je veux que tous les salariés de la banque aient l'obsession des clients. » Un tel tremblement de terre, que les marchés se demandaient jeudi si la Générale savait faire ce métier-là. Ils ont clairement répondu qu'ils avaient des doutes Tous ensemble... ou pas ?Un mot encore là-dessus, parce que c'est un auditeur qui pose les bases d'un débat que je me garderai bien de trancher : « En tant que chef d'entreprise, dit-il, je ne souhaite pas que ma banque prête à n'importe qui mon épargne. Si le marché pouvait s'assainir d'entreprises mal gérées, ce ne sera pas un mal. » C'est clair ! Je mets en écho les phrases de Franck Riboud, le patron de Danone, qui a convaincu ses actionnaires de réserver 100 millions d'euros (plus 1 % du résultat net chaque année) à un fonds de soutien à « l'écosystème », « c'est-à-dire les entreprises qui sont autour de nos sites de production, les parties prenantes qui pourraient avoir besoin d'aide, parce que ceux qui pensent pouvoir s'en sortir seuls, ceux qui pensent qu'on peut résumer l'entreprise à son compte d'exploitation, ceux-là se trompent lourdement ».
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