Face à la violence scolaire, le recteur de Créteil reste zen

Depuis sa nomination à la veille de Noël, le nouveau recteur de l'académie de Créteil, William Marois, n'a pas chômé. Agressions dans plusieurs lycées, résistance des enseignants et manifestations pour protester contre les dégradations des conditions de travail et les suppressions de postes ont tout de suite plongé l'ex-recteur de l'académie de Bordeaux, beaucoup plus calme, dans la réalité de son nouveau territoire : la deuxième plus grosse académie de France et l'une des plus difficiles.Pour autant, William Marois, recteur depuis 1992 (académies de Nancy-Metz, Rennes, Montpellier puis Bordeaux), relativise cette période de début d'année où se prépare la rentrée suivante et sont attribuées les dotations aux établissements attisant généralement les tensions. 266 postes de plus à la rentrée« La situation de l'académie est bien prise en compte puisqu'elle a obtenu une augmentation de 266 postes dans le premier degré pour la rentrée 2010, soit la plus forte dotation. Nous avons perdu 65 postes dans le second degré dont 40 dans les établissements sur un total de 30.000, ce qui n'a pas modifié le taux d'encadrement », explique William Marois, précisant que son académie bénéficie également de 500 médiateurs de réussite scolaire (emplois aidés créés en 2009 par Xavier Darcos pour lutter contre l'absentéisme) et qu'elle a été la première à mettre en place des équipes mobiles de sécurité (45 personnes réparties en quatre équipes pour 480 établissements). Un palette de solutionsCes équipes mixtes (créées également en 2009), composées essentiellement d'anciens assistants d'éducation, conseillers principaux d'éducation, de psychologues, mais aussi d'anciens policiers ou de personnels de sécurité, sont « appréciées ». « C'est un élément fort de toute une palette de solutions mais c'est la présence d'adultes qui est importante », assure le recteur, en réponse aux critiques des enseignants, précisant que le ratio est de un adulte pour dix élèves à Créteil. À cet égard, il salue la convocation en avril d'états généraux sur la sécurité à l'école annoncée cette semaine par le ministre : « L'Éducation nationale ne peut pas agir de manière isolée. Le dialogue avec les collectivités locales, les partenaires associatifs et la justice est essentiel. Ce sera aussi l'occasion de dresser le bilan des actions entreprises et d'explorer les pistes d'amélioration. »Accompagner les jeunes enseignantsOutre la violence scolaire, William Marois a aussi la lourde tâche de succéder à Jean-Michel Blanquer, devenu directeur général à l'enseignement scolaire. En deux ans, ce dernier a multiplié les initiatives et les expérimentations, notamment dans le cadre du fonds d'expérimentation pour la jeunesse créé par le haut-commissaire à la Jeunesse Martin Hirsch (mallette des parents, prime à l'assiduité, etc.). « Nous allons poursuivre le projet académique 2008-2011 (réussite, équité, solidarité) et les actions engagées par Jean-Michel Blanquer, qui seront toutes évaluées », expose William Marois. Ses priorités ? La lutte contre l'illettrisme, la valorisation de l'enseignement professionnel dès le CAP, la coordination des dispositifs d'aide aux jeunes en difficulté (dispositifs relais, internats éducatifs, etc.) pour lesquels les établissements vont être invités à innover, l'accompagnement aux jeunes enseignants, très nombreux dans l'académie, notamment en matière de tenue de classe et, bien sûr, tout ce qui a trait à la sécurité et la prévention de la violence. « Nous allons travailler avec les familles pour les imprégner des valeurs de l'école et en interne sur la citoyenneté », explique William Marois. Autre projet, déjà lancé à Bordeaux : l'éducation aux médias.Opportunités pour les universitésQuant aux universités, la tâche est tout autre. Défavorisées par leur environnement (Paris XII à Créteil, Paris XIII à Bobigny) ou leur éloignement (Marne-la-Vallée), elles souffrent de la concurrence des grandes parisiennes. Pour autant, William Marois compte sur le statut de campus prometteur du pôle de recherche et d'enseignement supérieur (Pres) Paris-Est et sur la participation de Paris XIII Nord au Pres parisien Paris Cité pour « valoriser leurs richesses ». Surtout, il les invite à se mobiliser dans le cadre des appels d'offres du grand emprunt (campus et laboratoires d'excellence) : « Il y a des places à prendre. On n'a jamais vu une telle opportunité ! »
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