Le marché des financements syndiqués sous pression

Le temps se gâte sur les marchés de financements « syndiqués », ces crédits accordés à une entreprise par plusieurs banques. Présentes sur toute la gamme de ces métiers, les banques françaises avaient profité du retrait de nombreux établissements, notamment anglo-saxons mais aussi allemands et japonais, pour s'adjuger les premières places sur le marché européen (voir illustration). Ce marché a totalisé 910 milliards d'euros l'an dernier, selon Thomson Reuters, soit une hausse de 40 % après deux années de forte baisse. Mais les crédits syndiqués font à présent l'objet d'un regain de concurrence avec, à la clé, une pression croissante sur les prix, c'est-à-dire les primes de risque facturées aux clients. Cette pression s'est exercée dès l'an dernier sur les financements aux entreprises bien notées, utilisés comme produit d'appel pour conquérir de nouveaux clients. Certes, les primes de risque restent nettement supérieures aux niveaux d'avant-crise, mais entre-temps, « le coût de la liquidité a pratiquement quadruplé, amputant la rentabilité économique de cette activité, qui se rapproche du niveau plancher », explique un spécialiste. Après avoir mieux résisté, les prix sont aussi en recul depuis quelques mois sur les financements structurés, notamment les prêts à effet de levier (LBO) et les financements de projets. L'impact de Bâle IIILogiquement, le renchérissement de la liquidité devrait faire monter les prix. Sauf que « certaines banques étrangères ne semblent pas intégrer la totalité de ce surcoût dans leurs tarifs. Cette divergence s'explique en partie par le fait que l'autorité de contrôle prudentiel a imposé depuis juillet 2010 un nouveau coefficient de liquidité, plus exigeant », note Jean Cheval, responsable des financements structurés chez Natixis. Mais les banques françaises semblent aussi plus promptes à anticiper l'impact de Bâle III, qui tirera mécaniquement les prix à la hausse. « Il reste à voir si Bâle III sera appliqué de la même façon dans toutes les juridictions », souligne Jean Cheval, pointant un risque de distorsion de concurrence. En renchérissant les financements bancaires, notamment pour les emprunteurs de catégorie spéculative, « Bâle III devrait aussi inciter les clients à arbitrer davantage en faveur des solutions de marché, qui restent un peu plus chères mais leur assurent une plus grande flexibilité en les libérant des « covenants » [critères de solvabilité imposés par le bailleur, Ndlr], en privilégiant des structures mixtes combinant financement bancaire et de marché », poursuit Jean Cheval. À l'image du LBO de Picard à l'été 2010, qui a intégré 300 millions d'euros de dette obligataire à haut rendement en plus des 675 millions de dette senior syndiquée. Du coup, « les banques vont être amenées à jouer la complémentarité entre les métiers, et à refinancer davantage sur le marché les crédits syndiqués qu'elles accordent », estime Tanneguy de Carné, co-responsable de la syndication de crédits en Europe chez Société Généralecute; Générale.
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