Les papetiers veulent se tourner vers le « green »

Le lobbying est décidément la spécialité de l'industrie papetière en France. Après une nouvelle année noire en 2009, qui a vu la consommation française de papier et carton plonger de 11 %, à 9,5 millions de tonnes, la Copacel, la fédération professionnelle du secteur, change de thème dans ses demandes aux pouvoirs publics. Mettant un bémol à ses habituelles doléances autour du handicap que constituent la taxe professionnelle, le système de quotas sur les émissions de CO2 et diverses autres taxes, elle demande, cette fois, des incitations pour amorcer une reconversion vers « la croissance verte ».L'industrie papetière pense pouvoir jouer un rôle dans « l'émergence d'une bioéconomie ». En clair, diversifier les usages du bois, qui constitue une de ses principales matières premières, pour fabriquer de nouvelles applications du papier, mais aussi des biomolécules et des bioproduits ainsi que de l'énergie renouvelable. Les papetiers, qui luttent depuis des années contre leur mauvaise image écologique de destructeurs de forêts et de grands utilisateurs de produits chimiques et d'électricité, veulent également mettre en valeur leur rôle dans la récupération. Plus de 60 % de leurs matières premières proviennent du papier recyclé.consolider la sortie de crise« Pleinement engagée dans cette voie, l'industrie papetière attend une concrétisation des outils favorisant son développement, aussi bien dans les mesures qui seront prises au terme des états généraux de l'industrie que dans la mise en oeuvre du grand emprunt », a lancé mercredi Gérard Bontemps, le président de la Copacel. Son appel, début 2009, à un plan d'aide massif pour les papetiers, à l'image du soutien public à l'automobile, a été en partie entendu. Le secteur, qui a fermé quatre usines l'an dernier et procédé à de nombreux arrêts temporaires, pour diminuer sa production de 12 % au total, a bénéficié d'une convention de chômage partiel longue durée. Des aides publiques pour les entreprises et leurs salariés sont reconduites en 2010. « Même si les restructurations les plus lourdes ont eu lieu en 2008 », a précisé Jean-Paul Franiatte, délégué général de Copacel.« Après le décrochage brutal de la demande au premier semestre 2009, la stabilisation, suivie d'une légère reprise en fin d'année, 2010 s'annonce très incertaine », affirme la fédération. Les prix des papiers et cartons, qui ont chuté de 8,5 % en moyenne l'an dernier, affichent un léger rebond depuis septembre. Pour autant, la Copacel s'attend à des difficultés pour consolider cette sortie de crise, tout en tablant sur une hausse des coûts de production.Marie-Caroline Lopez
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