En liberté surveillée, le yuan se renforce

L'abandon par la Chine de l'arrimage du yuan au dollar dans la soirée de samedi dernier s'est traduit dès la réouverture des transactions lundi par une appréciation de près de 0,5 % de la monnaie de l'empire du Milieu, sa plus forte hausse en séance depuis juillet 2005. Alors que la Banque populaire de Chine maintenait un cours quasi fixe du yuan face au dollar de 6,83 à 6,8350 depuis juillet 2008, la monnaie du peuple - le renminbi, l'autre nom de la monnaie chinoise - est montée jusqu'à 6,7960 hier. C'est évidemment beaucoup moins qu'en juillet 2005, époque à laquelle Pékin avait annoncé simultanément la fin de l'indexation du yuan au dollar et une réévaluation avec effet immédiat de 2,1 % de sa monnaie. Il n'en a pas moins utilisé hier l'intégralité de sa marge de fluctuation quotidienne de plus ou moins 0,5 % autour d'un cours central, celle-là même qui était en vigueur de 2005 à 2008, et qui a été reconduite à l'identique. Car il ne faut pas s'y tromper : la plus grande flexibilité de la politique de change de la Chine adoptée durant le week-end, ne signifie pas que le yuan évoluera à sens unique. Les 33 stratèges interrogés par l'agence Reuters n'en attendent pas moins une hausse lente et contrôlée du yuan, de 2,4 % en moyenne d'ici à la fin de l'année, ce qui porterait son cours à 6,67 pour 1 dollar et de 3,8 % au cours des douze prochains mois, à 6,58. Il y a en outre une inconnue : la composition du panier de monnaies sur lequel le yuan est à nouveau indexé, même s'il ne fait aucun doute que le dollar y est toujours largement majoritaire, comme il l'est dans les réserves stratosphériques de 2.447 milliards de dollars, amoncelées par la Chine au cours des trois dernières années pour empêcher sa monnaie de s'apprécier.S'il semble acquis que Pékin n'a pas, pour l'instant du moins, l'intention de concéder la hausse de 21 % en trois ans de sa monnaie intervenue de la mi-2005 à la mi 2008, la Chine devrait surveiller de plus en plus étroitement l'évolution de la parité euro-yuan, la zone euro étant devenue au fil des ans son principal débouché à l'exportation. Car elle vient d'encaisser depuis fin novembre une baisse de l'euro face au yuan équivalente à celle de l'euro par rapport au billet vert. Ce recul a atteint jusqu'à 27 % lorsque la monnaie unique est tombée le 7 juin à un plancher de quatre ans, même s'il s'est amenuisé depuis à la faveur du début de redressement de l'euro, qui oscillait lundi autour de 1,24 dollar. En insistant sur la gestion du yuan par rapport à un panier de devises, la Chine se réserve la possibilité de laisser sa monnaie s'affaiblir face au dollar, tout en se vengeant des spéculateurs, si l'euro recommençait à se dévaloriser.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.