La fin d'une obsession française

Indiscutablement, il se passe quelque chose. À partir du 1er janvier 2010, les entreprises vont être sanctionnées si elles n'embauchent pas des handicapés (à hauteur de 6 % des effectifs) : 13.000 euros par an et par poste non pourvu. Elles vont être sanctionnées si elles ne concluent pas un accord favorisant l'emploi des seniors : pénalité égale à 1 % de la masse salariale. Pour parvenir à l'égalité de salaire hommes-femmes, le ministre du Travail, Xavier Darcos, se dit prêt à légiférer dans le courant de 2010, avec l'idée d'un malus pour les entreprises qui n'obtempéreraient pas. Afin de lutter contre le stress au travail, le ministre a donné quatre mois aux 2.500 entreprises de plus de 1.000 salariés pour engager ou conclure des négociations sur un plan de prévention. Là, pas de pénalité mais le pilori : les mauvais sujets seront nommés sur un site Web dédié. Toutes ces injonctions pratiquement simultanées marquent une rupture. Au regard de la société, la France veut se mettre aux normes antidiscrimination ? ou politiquement correctes, diront les cyniques. C'est bien. Mais la rupture est surtout forte sur le plan économique. Depuis quarante ans, en France, tout a été fait pour augmenter la productivité horaire du travail. Comme le montre une passionnante étude, « Bas salaires et qualité de l'emploi », qui vient de paraître aux Éditions Rue d'Ulm, nous avons, avec les États-Unis, la plus forte production par heure travaillée de l'OCDE. Ce résultat a été obtenu en écartant du marché du travail les plus vieux et les plus jeunes, les handicapés, les moins qualifiés. Pour ceux qui restent, le travail est devenu plus intensif, plus stressant et moins gratifiant (tout ça est mesuré dans l'étude, et corroboré par les drames de France Télécome;lécom ou Renault). Les 35 heures ont encore alourdi la pression. On est en train de tourner le dos à ce modèle, et c'est tant mieux. Des handicapés, des seniors, des femmes mieux payées dans les entreprises, des cadences moins infernales, cela ne fera certes pas augmenter la productivité par tête. Mais la prospérité générale, sûrement. [email protected] Sophie Gherard
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