« Les informations qui auraient dû donner l'alerte n'ont pas été remontées à temps »

STRONG>Jean-Marie Le Guen Député PS et adjoint au maire de Paris chargé de la santéL'affaire du Mediator est-elle révélatrice de failles dans le système du médicament ?À l'évidence, il y a eu plusieurs dysfonctionnements dans cette affaire. Tout d'abord celui du contrôle du médicament et de la pharmaco-vigilance [Ndlr : qui repose sur le signalement des effets indésirables graves ou inattendus par les professionnels de santé et les industriels]. Car toutes les informations qui auraient dû donner l'alerte n'ont pas été remontées et les décisions n'ont pas été à la hauteur. Par ailleurs, les systèmes de santé publique ne sont pas connectés entre eux, qu'il s'agisse de l'assurance maladie, de l'ordre des médecins, de l'Agence des produits de santé (Afssaps). Enfin, il convient de s'interroger sur la place de l'industrie du médicament dans le système de soins.Qu'entendez-vous par là ?Je suis favorable à un contrôle plus strict des prescriptions hors Autorisation de mise sur le marché (AMM) et ce qu'elles peuvent signifier. À l'évidence avec le Mediator, qui a obtenu une AMM comme antidiabétique, et la banalisation des prescriptions faites par les médecins comme coupe-faim, on peut se poser la question de la pression commerciale dans ce domaine. On est devant le multi-usage de ce médicament propagé de bouche-à-oreille ou de manière plus visible, en laissant entendre que le Mediator était un coupe-faim. C'est clairement un détournement de l'usage du médicament qui pose un problème de pharmaco-vigilance.Pensez-vous qu'il y une interférence entre l'industrie pharmaceutique et les autorités qui établissent la politique du médicament ?Il faut ramener l'industrie à sa place et rendre public les liens entre les experts et les laboratoires pharmaceutiques. Ces relations sont inéluctables car il y a des spécialistes de la grippe par exemple qui sont nécessairement en lien avec les laboratoires. Mais cela doit se faire dans la transparence. Il faudrait également que les débats lors des commissions donnent lieu à des comptes-rendus audio, voire vidéo pour que tout le monde puisse s'y référer. Et réfléchir à la place de l'information et de la formation dans ce domaine, qui est trop dépendante de l'industrie du médicament. Enfin il est indispensable de nettoyer la pharmacopée, car on trouve aujourd'hui un nombre incroyable de médicaments, ce qui rend très difficile leur suivi. Pour un médecin, il est plus facile d'avoir en tête une pharmacopée de 800 médicaments plutôt que de 3.000 voire plus, dont certains d'ailleurs n'ont pas un service médical rendu considérable.Propos recueillis par I. M.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.