Les taux grecs s'envolent dans un marché paralysé

La tension sur les taux grecs est encore montée d'un cran, les incertitudes sur le plan de soutien financier à Athènes continuant de nourrir à la fois la prudence et la spéculation sur les marchés obligataires européens. Evoluant en sens inverse des prix, le taux des obligations grecques à 2 ans a bondi de plus de 230 points de base (soit 2,3 %) ce jeudi, à 10,1 %, tandis que les taux sur les échéances 5 ans et 10 ans progressaient respectivement de plus de 120 et 70 points de base, à 9,36 % et 8,80 %.« Les volumes de transaction ont chuté et il suffit d'une opération à la marge pour faire décaler le marché. On entend que les hedge funds seraient preneurs de risque sur les échéances courtes, mais le courant vendeur domine sur les obligations à plus long terme », explique Etienne Gorgeon, directeur Taux et crédit chez Edmond de Rothschild IM. Les transactions sur les obligations souveraines grecques, habituellement de l'ordre de 12 milliards d'euros par jour, se seraient effondrées à moins d'un milliard d'euros, selon des sources de marché. « Peu de gens traitent à cause du niveau de la volatilité et de l'écartement des fourchettes de cotation. Dans ce contexte il n'y a pas de limite au niveau que peuvent atteindre les taux », renchérit Christian Parisot, stratège chez Aurel BGC.L'annonce le 11 avril dernier d'un plan de soutien de 45 milliards d'euros sous forme de prêts avait conduit à un reflux temporaire des tensions. Mais l'incertitude sur la gravité réelle de l'état des finances grecques et les réticences affichées par Berlin ont fait bondir le taux à 10 ans de plus de 1,5 point de pourcentage depuis le début de la semaine. Sur le marché des « Credit Default Swap », ces produits d'assurance contre le risque de défaut, tant décriés pour être des vecteurs de spéculation, le contrat sur la Grèce se négociait à 619 points de base dans l'après-midi, contre 435 points vendredi dernier (+43 %). Autrement dit un investisseur souhaitant assurer 10 millions d'euros de dette à 5 ans doit débourser 619.000 euros par an.opportunistesDécalées de deux jours en raison des perturbations aériennes, les négociations concernant les efforts supplémentaires que devra réaliser Athènes en 2011 et 2012 ont commencé ce mercredi et devraient prendre « quelques jours », selon le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn. « On a une idée des grandes lignes du plan d'aide financière. Mais le marché veut en savoir davantage sur ses modalités précises et certains intervenants opportunistes adorent l'indécision qui règne à l'heure actuelle. La gestion de la crise par l'Union européenne est du pain béni pour eux », ajoute Etienne Gorgeon. n43% c'est la hausse du coût de l'assurance contre un défaut de la Grèce en une semaine.
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