Adélaïde de Clermont- Tonnerre  : « Aucune écrivaine ne trouve grâce aux yeux du monde littéraire »

D'où vient Zita Chalitzine, votre héroïne ?Un jour, je me suis retrouvée à déjeuner avec des gens importants du milieu littéraire. C'était d'une violence inouïe. Madame Claude est venue dans la conversation. Il a ensuite été question des femmes écrivains. Aucune ne trouvait grâce à leurs yeux : elles avaient forcément un nègre ou couché pour y arriver. Tout cela s'est aggloméré dans ma tête et je me suis dit que j'allais inventer un personnage qui était exactement ce que l'on reproche aux écrivaines. Pourquoi avoir situé l'intrigue dans les années 1970 ?L'humain - et non la consommation - était alors au centre des considérations. Cette période qui correspond à la jeunesse de mes parents était aussi pleine d'énergie et d'insouciance vis-à-vis de la mort. Votre livre est extrêmement documenté. Comment avez-vous travaillé ?J'ai interviewé des clients et des filles de Madame Claude, lu énormément. Je me suis aussi beaucoup attachée aux détails du quotidien. À l'époque, on mangeait des Lustucru, pas encore des Barilla par exemple. J'ai aussi travaillé sur les voitures ou les vêtements de ces années-là. On reconnaît Romain Gary derrière le personnage de Romain Kiev...Oui, mais il y a aussi Sartre dans ce personnage et d'autres grands écrivains. Pour Gary, j'ai en partie puisé dans mon histoire familiale. Ma tante, alors journaliste à « Match », avait été la première à découvrir qu'il se cachait derrière Emile Ajar. C'était un personnage génial pour qui l'oeuvre et la vie doivent être aussi romanesques l'une que l'autre. N'aviez-vous pas peur d'un procès en redonnant vie à des personnages ayant réellement existé ?Je m'attendais à devoir travestir certains personnages mais les avocats de Stock m'ont dit qu'il n'y avait là rien d'infamant. Ce que je raconte est vrai ou alors trop éloigné de la réalité pour qu'on puisse faire le lien avec des personnes ayant existé. Mais s'il y avait une chose que je ne voulais pas, c'était de blesser Diego Gary, le fils de Romain Gary et de Jean Seberg. Que gardez-vous de vos années dans la banque d'affaires ?Aller au bout des choses et faire attention au moindre détail. Mais j'ai surtout appris que je n'étais pas faite pour ça ! Propos recueillis par Yasmine Youssi « Fourrure », éditions Stock, 576 pages, 23 euros.
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