Sarkozy prend le virage du réalisme

Nicolas Sarkozy est de nouveau à la baguette. La gestion des errements de certains de ses ministres et l'affaire Bettencourt-Woerth avaient laissé aux Français l'image d'un président qui avait perdu la main. Cette page est tournée : le chef de l'Etat orchestre une nouvelle fois l'agenda médiatique. Au discours sécuritaire ? qui n'a permis qu'une timide remontée de 2 points de la cote de popularité présidentielle, selon un sondage Ifop pour « Le Journal du dimanche » ?, succèdent les sujets économiques. La réunion de Brégançon, vendredi, marque le début de cette nouvelle séquence. « C'était une façon d'ouvrir la rentrée avec des sujets fondamentaux alors même que nous allons être très occupés dans les semaines qui viennent avec le dossier des retraites », explique l'entourage de Christine Lagarde, pour qui il était de bonne politique de commencer à régler ce qui pouvait l'être. L'annonce par l'Elysée d'une révision à la baisse de la croissance de 2,5 % à 2 % en 2011 et la suppression à l'automne de 10 milliards d'euros de niches fiscales et sociales pour ramener le déficit public à 6 % du PIB en 2011 illustrent cette stratégie. En préemptant si tôt dans le mois d'août ces questions, Nicolas Sarkozy espère aussi éviter la cristallisation des mécontentements alors que se profilent les mobilisations sur le chantier des retraites. MécontentementOr ce risque existe : pour certains Français, essentiellement les classes moyennes, la réduction des niches fiscales rimera avec hausse des impôts. Un argument martelé par l'opposition. « L'Elysée assure qu'il n'y a pas d'alourdissement fiscal, cette affirmation est inexacte et ce virage, comme celui de la rigueur, n'est pas assum頻, fait valoir le député Jérôme Cahuzac, président PS de la commission des Finances de l'Assemblée nationale dans le « Le Journal du dimanche ».Tout n'a pas été réglé pour autant à Brégançon. Le détail des niches qui seront rabotées n'a pas été rendu public même si certains dispositifs ? parmi les plus coûteux ? sont assurés d'être épargnés (crédit d'impôt recherche, emploi d'un salarié à domicile, TVA réduite dans la restauration et dans le bâtiment). Les arbitrages définitifs sur les 10 milliards d'euros devraient être rendus mi-septembre. Un délai qui sera aussi mis à profit pour trouver, selon le ministre du Budget, François Baroin, « les 3 à 3,5 milliards d'euros » destinés à compenser la révision à la baisse de la prévision de croissance. Mais à Bercy on se montre confiant : le choix de porter l'effort sur les niches à 10 milliards, mais aussi les créations d'emplois et le dynamisme des rentrées fiscales devraient permettre au gouvernement de tenir l'engagement qualifié « d'objectif majeur » par l'Elysée de réduire à 6 % du PIB son déficit public l'an prochain. La capacité et la volonté politique de la France à atteindre la cible sont étroitement surveillées par ses partenaires européens et par les agences de notation. Après le remaniement de la fin octobre, c'est à une nouvelle équipe gouvernementale qu'il reviendra de relever le gant.
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