Génération 1956 : du chômage de masse à la retraite à 62 ans

1956 a été l'année de la nationalisation du canal de Suez et du mariage de Grace Kelly à Monaco. Elle aura désormais une autre particularité?: les personnes nées cette année-là seront les premières à expérimenter pleinement la réforme des retraites imaginée par le gouvernement de François Fillon. En 2018, pour la première fois, les salariés ayant accumulé la totalité de leurs annuités partiront à la retraite à 62 ans. Le célèbre cuisinier étoilé Alain Ducasse pourra alors s'arrêter avec une retraite à taux plein. Claire Chazal, en revanche, devra encore attendre un peu, la présentatrice ayant commencé sa carrière de journaliste à 25 ans.Mais ces deux belles carrières sont loin de refléter toute cette génération 1956. En effet, les enfants nés au milieu des années 1950 sont aussi ceux du premier choc pétrolier et de l'explosion du chômage de masse.Le taux de chômage, qui était d'à peine 2,5 % en 1974, a franchi la barre des 10 % en 1985 et celle des 12 % en 1994. Résultat, près de 12 % des personnes nées entre 1956 et 1960 ont connu une période de chômage dans l'année de leurs 40 ans contre 1,9 % seulement des personnes nées entre 1935 et 1940, selon le Conseil d'orientation des retraites.Cette dégradation du marché du travail s'est logiquement accompagnée d'une dégradation du niveau de vie. Les générations nées jusqu'à la Seconde Guerre mondiale bénéficiaient à chaque âge d'un niveau de vie supérieur à celui des générations précédentes au même âge. « Mais pour ceux qui sont nés dans la première moitié des années 1950, le niveau de vie à un âge donné ne progresse plus que faiblement d'une génération à l'autre (avec même quelques cas de diminution) », souligne l'Insee.Cette génération 1956 est d'ailleurs consciente de ce qui l'attend. Selon le sondage Opinionway réalisé pour « La Tribune », 48 % des 45-55 ans affirment en effet que leur génération est celle « qui va le plus supporter les efforts qu'implique la réforme des retraites ». Ils sont 76 % des 35-44 ans à penser de même, et 82 % des moins de 35 ans. « Cela montre bien que la bascule s'opère sur cette tranche d'âge des 45-55 ans », commente Bruno Jeanbart, directeur des études politiques d'Opinionway.L'essentiel de la carrière des 45-55 ans est derrière eux. Surtout, les réformes passées les ont déjà préparés à l'idée qu'ils allaient devoir travailler plus longtemps que leurs aînés. Logiquement, la classe des 45-55 ans est d'ailleurs la plus sensible à la problématique des fins de carrière et de la place des seniors dans l'entreprise. 58 % estiment que leur travail est « plutôt une contrainte qui risque de s'aggraver avec l'âge ».Xavier Harel et Stéphanie Tisserond
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.